I-Tracing poursuit son expansion européenne avec le rachat de l’allemand doIT solutions. L’opération confirme la dynamique de consolidation du marché cyber européen, où la recherche d’autonomie stratégique et le renforcement des exigences réglementaires redessinent les alliances industrielles.

En s’implantant en Allemagne, I-Tracing complète son maillage des trois plus grands marchés européens de la cybersécurité, France, Royaume-Uni et Allemagne. Le pure-player français, déjà présent au Royaume-Uni depuis le rachat de Bridewell en février dernier, intègre cette fois doIT solutions GmbH, un prestataire reconnu pour ses services gérés et son offre de SOC clé en main, « SOC-in-a-Box ». Soutenue par Eurazeo, Sagard NewGen et Oakley Capital, l’opération inscrit I-Tracing dans une trajectoire de croissance paneuropéenne où la taille critique devient une condition de survie face aux grands intégrateurs mondiaux.

Cette acquisition intervient dans un environnement marqué par la défiance croissante envers les fournisseurs extraeuropéens et par le renforcement des cadres réglementaires. Pour les prestataires régionaux, l’enjeu n’est plus seulement technologique, il s’agit d’être en mesure de garantir une continuité opérationnelle souveraine et une maîtrise complète de la donnée de sécurité. En agrégeant des acteurs nationaux, I-Tracing esquisse la forme d’un futur groupe intégré européen, capable d’opérer des SOC distribués sur plusieurs juridictions sans dépendance critique.

Des acteurs nationaux en quête d’échelle

Fondé en 2011, doIT solutions a bâti sa réputation sur le marché germanique des ETI et du Mittelstand, cœur industriel de l’économie allemande. Ses trente collaborateurs rejoignent un ensemble désormais fort de plus de 1 000 experts couvrant l’ensemble du spectre cyber, du conseil à la gouvernance (GRC) jusqu’à la sécurité opérationnelle 24/7. Pour I-Tracing, qui revendique un chiffre d’affaires consolidé de 210 millions d’euros en 2024, l’enjeu est de constituer une plateforme de services unifiée à l’échelle du continent, capable de répondre aux besoins hétérogènes des grands comptes européens.

La montée en puissance d’I-Tracing illustre également le rôle moteur des fonds d’investissement européens dans la structuration du secteur. Sagard NewGen, Eurazeo et Oakley Capital soutiennent activement la constitution de champions régionaux capables de rivaliser avec les MSSP américains. Cette logique d’investissement territorial combine l’expertise locale, l’ancrage réglementaire et la capacité à composer et proposer des services gérés mutualisés, tout en préservant l’indépendance du pilotage stratégique. Une orientation qui reflète la maturité croissante d’un marché longtemps fragmenté et désormais en quête de cohérence continentale.

Théodore Vrangos, président et cofondateur d’I-Tracing, évoque une « vision unifiée » fondée sur la proximité et la culture d’ingénierie partagée entre les équipes françaises, britanniques et allemandes. L’entreprise compte désormais sur ces trois piliers pour accélérer son développement, soutenir les initiatives de cyberdéfense européennes et renforcer la capacité de résilience des entreprises face à la complexification des menaces. Dans un marché où la souveraineté est devenue un argument commercial aussi fort que la compétence technique, I-Tracing consolide sa position de fer de lance d’un écosystème européen en quête de maturité stratégique.