Les jeunes sont une cohorte de technophiles qui vont facilement grossir les rangs des ingénieurs et techniciens des entreprises… Pure vue de l’esprit, la réalité est tout autre car les universités peinent à leur apporter les compétences dont ils auront besoin. C’est une étude britannique de Jisc qui le démontre.

L’étude « Student digital experience tracker 2017 : the voice of 22,000 UK learners » de Jisc présente une ligne médiane remarquable, celle de la moyenne. Mais au final cela fait beaucoup trop d’équilibre là où celui-ci n’est pas recherché. De quoi nous détacher de son origine britannique pour nous interpeler, une fois encore, sur l’adéquation de l’enseignement donné à nos futurs salariés par rapport à la réalité des organisations.

La problématique est simple : lycées et universités ont le devoir de préparer leurs étudiants à la réalité du travail numérique et à leur intégration au marché du travail, mais il semble qu’ils en sont bien loin.

Technophiles pas si technophiles

Pourtant, nous imaginons tous ces jeunes gens comme nés hier avec une télécommande, aujourd’hui avec un smartphone dans la main. Leurs accès à la technologie est devenu naturel tant celle-ci est ancrée dans leur vie quotidienne. Ce qui leur permettrait de l’utiliser dans l’apprentissage d’une manière naturelle, ce qui en théorie n’a rien de déraisonnable.

La réalité n’est pas tout à fait celle-là. L’enquête Jisc a révélé que dans les universités britanniques, entre 40% et 50% des étudiants intègrent leurs cursus en ignorant les compétences numériques qu’il est nécessaire de maitriser avant de commencer les cours. Et la moitié d’entre eux affirment que dans leur cursus ils n’ont pas eu accès aux moyens nécessaires à l’acquisition de ces compétences numériques !

Le Royaume-Uni est comme la France, seuls les chiffres diffèrent selon les échelles retenues. A ce titre :

  • Les employeurs britanniques recherchent 750.000 employés ayant des compétences numériques ;
  • 90% des nouveaux emplois exigent dans une certaine mesure des compétences numériques ;
  • 72% des employeurs ne vont pas plus loin dans les entretiens avec les candidats s’ils n’ont pas des compétences numériques de base.

Le plus inquiétant dans cette étude est que près de 20% des étudiants qui sortent de l'enseignement supérieur et près de 40% dans la formation continue ne se sentent pas avoir acquis des compétences numériques pertinentes pour leur choix de carrière ! Ce phénomène est probablement lié au fait que l’utilisation des technologies dans l’enseignement et dans l’évaluation des étudiants est encore en retrait dans beaucoup d’établissements. La pratique numérique serait encore trop une démarche individuelle, or elle n’est pas un modèle reconnu.

Investissements ?

L’étude met en exergue deux raisons principales à cela : un manque d'investissement dans la technologie, et un manque d'investissement dans la formation approfondie pour les enseignant, les étudiants, et les tuteurs.

En Grande-Bretagne, le personnel du corps professoral dénonce par exemple le manque d’espaces dédiés dans les campus et le manque d’outils numériques disponibles. Mais lorsque des lieux neufs, ou rénovés, et équipés sont disponibles, c’est le manque de formation, réduite à quelques personnes qui auront la charge des équipements, qui est dénoncé.

Lycées et universités britanniques se retrouvent donc dans une situation proche de celle de leurs homologues français : pleins de bonnes volontés mais manquant de moyens, avec finalement un corps enseignant parfois peu motivé et mal formé au numérique. Et au final un gouffre entre l’enseignement et les compétences acquises d’une part, et les attentes des entreprises et du marché de l’autre… Rien de bien neuf, quoi !

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