Moins de 20% de femmes occupent un poste de DSI dans les grandes entreprises. En matière de diversité, le secteur IT peut revoir sa copie. Mais la transformation digitale va-t-elle l’y aider.

Commençons par remettre les pendules à l’heure. Il y a certes peu de femmes DSI, moins de 20% dans les grandes entreprises, selon le classement des 1000 premières entreprises mondiales. Plus précisément, les femmes sont 19% à occuper un poste de CIO/DSI. Et la situation empire si l’on se concentre sur le Fortune 500, avec 75 femmes CIO, soit 15%, des chiffres en nette baisse.

Certes, ces chiffres sont parmi les plus bas au sein des C-levels des entreprises, mais les CEO/PDG et DFO/DAF font pire, avec réciproquement 5% et 12% des postes pourvus par des femmes. Les femmes patronnes de l’informatique des entreprises sont cependant inférieures à la moyenne, qui est de 24% toutes fonctions de direction confondues.

Femmes-C-level

Où est la diversité ?

Nous sommes en 2017, et le manque de diversité au sein des C-level demeure une question épineuse. Voire un douloureux échec pour les Conseils d’administration, qui pourtant s’en sont emparés depuis quelques temps. Depuis que les différences de rémunération ont créé la polémique sur la Silicon Valley par exemple. La question de la diversité figure également dans les critères de notation de certains organismes, ce qui rend le sujet sensible…

Toujours est-il que les hommes - à leur corps défendant pour la majorité d’entre eux, faut-il le rappeler - continuent d’occuper une majorité écrasante des postes de direction de l’informatique. Et que la tendance n’est pas à une amélioration. C’est d’ailleurs le constat que fait le cabinet de recrutement Korn / Ferry International, qui a publié les chiffres que nous citons ici.

Jamais les organisations en général, et les géants des IT en particulier, n’ont autant relevé le défi de la diversité. Mais la question dans le milieu du travail reste un point douloureux.

La culture IT face à la transformation digitale

Concernant le DSI, le poste souffre d’une culture historiquement dominée par les hommes. La perception du DSI est celle d’un homme, avec une formation en informatique ou scientifique, et qui gère des serveurs. C’est une image qui reste ancrée dans les esprits, et qu’il est difficile de changer. Même en multipliant les actions visant à séduire les femmes pour les inviter à suivre des cursus de formation technologiques. Pour preuve, le nombre de DSI femmes est en diminution…

Pourtant, la transformation digitale est considérée comme étant potentiellement porteuse de changement jusque dans la diversité. Le rôle du DSI évolue en effet du datacenter vers la conduite de la transformation du business et vers des initiatives tournées vers le client. L’ère du numérique se caractérise également par des services à la demande et la démocratisation de l’informatique dans le cloud et en mobilité.

L’option digitale

Cependant, le chemin de la DSI continue de reposer sur l’infrastructure, l’architecture, le développement, l’accélération du delivery, et la complexité grandissante des budgets. Là encore des missions qui sont perçues comme bien peu féminines. C’est pourquoi la transformation digitale est certes porteuse d’opportunités pour les femmes, mais pas forcément au sein de la DSI et au poste de DSI. Le digital offre en effet la possibilité d’exercer une fonction très ‘numérique’, voire directement ‘informatique’, mais en dehors de la DSI... Et c’est l’option que semblent prendre de nombreuses femmes.

Quelques exemples récents issus du Fortune 500 : Jamie Miller CIO de GE, Kim Hammonds CIO de la Deutsche Bank et Kim Stevenson CIO d’Intel ont été promues à d’autres postes dans leur organisation. Et Beth Comstock, CMO (marketing) de GE, a préféré la vice-présidence Innovation et business models au poste de CIO.

Cela démontre, comme d’ailleurs le confirment les analystes du Gartner, que les femmes choisissent d’assumer des rôles de leadership du digitale en dehors des IT et de la DSI. Et elles y sont bien, une étude du Peterson Institute for International Economics and EY a démontré que les entreprises ayant au moins 30% de femmes dans des rôles de leadership peuvent augmenter leurs marges bénéficiaires nettes de 15% par rapport à celles qui n’ont pas de leaders féminins.

Voilà qui devrait encourager les Conseils d’administration à persévérer dans la voie de la diversité, et à considérer le digital dans sa transversalité, quitte à laisser la DSI aux hommes et à inviter les femmes à s’investir dans d’autres fonction impliquées dans le numérique...

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