Peut-on utiliser sans risque tous les objets imprimés en 3D ? Les capacités des imprimantes 3D, de plus en plus abordables, pourraient le laisser croire. Mais dans la réalité, les objets fabriqués peuvent présenter des dangers inattendus. Il est ainsi déconseillé d'utiliser des sextoys imprimés !

La fin de la semaine nous offre parfois l'occasion de relâcher la tension en publiant des papiers plus légers... tout en restant sérieux, cela va sans dire. Et c'est aujourd'hui d'un sujet très sérieux dont nous souhaitons vous entretenir, car il démontre les limites actuelles d'une technologie certes pleine d'avenir, l'impression 3D, mais qui peut cacher de réels dangers.

Rappelons que l'impression 3D fait partie des technologies émergentes identifiées par le Gartner, que ses analystes conseillent aux DSI de prendre en compte pour accompagner l'entreprise en adaptant son organisation opérationnelle. Lire « 6 technologies de demain que la DSI devra prendre en considération ».

Des design 3D à tout va

Quasiment rien ne pourra échapper à l'impression 3D, à condition de disposer d'imprimantes performantes et d'une taille suffisante. Ainsi peut-on aujourd'hui imprimer des objets simples à complexes, des pièces détachées, des outils, des armes, de la nourriture ou de la peau. L'armée américaine, par exemple, envisage de basculer une partie de sa logistique sur des systèmes d'impression 3D (lire « L'armée américaine va tout imprimer en 3D, armement, vêtements, pièces détachées, nourriture, peau... »).

Pour imprimer, il faut disposer d'un accès à une imprimante 3D, bien évidemment, mais également à des design d'objets 3D, des fichiers qui peuvent être édités par des logiciels de conception 3D pour être créés et/ou modifiés, ou plus simplement lus par le pilote de l'imprimante afin d'être imprimés dans l'état. De plus en plus de sites web proposent des fichiers design d'objets 3D, la plupart étant gratuits. L'un d'entre eux, MakerLove.com, propose même des designs de sextoys !

Le sextoy imprimé n'est pas bon pour la santé

Quels dangers peut cacher un sextoy imprimé en 3D, et plus largement les objets imprimés ? Le premier est purement mécanique. L'impression 3D n'est pas parfaite, en sortie d'imprimante un objet n'est pas toujours prêt à être utilisé. L'impression couche par couche crée une surface grossière et rugueuse. Poncé, un objet 3D présente une apparence lisse, mais une observation au microscope révèle que ce n'est pas le cas...

Le second danger est d'ordre bactérien. La conception même des objets 3D est à l'origine de la présence de trous et de micro-canules dans lesquels peuvent se loger des bactéries, et qu'il est quasi impossible de désinfecter. L'usage de l'objet peut évidemment être le récepteur ou une source de bactéries, qui seront à l'origine d'infections diverses. Nous vous laissons sur ce plan consulter les ouvrages médicaux...

En attendant la création de matériaux et d'imprimantes 3D qui permettent une meilleure qualité des surfaces et plus globalement d'un objet, deux solutions s'offrent à la personne qui souhaite éventuellement fabriquer un sextoy pour contourner les dangers : lisser la surface à la ponceuse et ajouter plusieurs couches de silicone ; ou le placer dans un autre chef d'oeuvre technologique, un préservatif.

L'impression 3D a encore des progrès à faire

Au delà de l'anecdote coquine sur sextoy imprimé en 3D, cette histoire vient nous rappeler que l'impression 3D n'en est qu'à ses débuts, et qu'elle présente des risques. La prouesse technologique est dans l'impression, mais l'usage post-impression reste encore aléatoire, et surtout ses dangers demeurent méconnus. Cela ne doit pas nous dissuader d'utiliser des imprimantes 3D, capables de rendre d'immenses services. Il faut simplement se rappeler que chaque technologie peut avoir ses revers, et que ceux liés à l'impression 3D portent sur des risques entrainés par l'usage d'objets fabriqués selon des méthodes qui sont éloignées de leurs contextes industriels d'origine et dont les usages échapent aux normes de sécurité.