96,5 milliards de dollars seront investis dans les services cloud cette année. Mais cet argent est-il bien dépensé ?

Tout le monde s’accorde à affirmer que le cloud et plus généralement la transformation digitale vont jouer un rôle de premier plan pour stimuler la croissance et augmenter l’efficacité des organisations. Cela tombe bien, beaucoup d’entreprises considèrent aujourd’hui la digitalisation et la croissance comme le nouveau Graal.

Du Graal à la réalité

Seulement voilà, une étude récente menée par Wakefield Research pour LogicWorks a révélé que PDG et DSI affichent leur incertitude quant à la façon dont ils vont tirer parti du cloud ! D’ailleurs, nombre de dirigeants restent bloqués sur la seule vision de la réduction des coûts, et oublient que ce n’est qu’une petite partie de la proposition de valeur du cloud.

Pour autant, les dirigeants des entreprises s’entendent sur la nécessité de mettre en place une planification plus réfléchie pour la migration dans le cloud, également entre clouds, et pour la maintenance des clouds existants.

Les cadres sont loin du nuage...

Résultat de cette situation ambiguë, 8 cadres IT d’entreprises sur 10 pointent la capacité de leur équipe de direction à estimer le coût et le temps nécessaires à la maintenance des ressources dans le cloud, qui seraient tout bonnement sous-estimés. À l’exemple de la dotation en personnel qualifié, qui reste nettement inférieure aux besoins, qu’il s’agisse du cloud ou du digital. 4 cadres sur 10 vont plus loin en affirmant qu’ils ne possèdent pas les compétences pour aller de l’avant avec le cloud.

43 % des dirigeants interrogés estiment que la main-d’œuvre IT de leur organisation n’est pas totalement prête à relever les défis de la gestion des ressources dans le cloud. Une situation qui devrait perdurer dans les prochaines années. Aggravée par la faiblesse de l’offre de personnel qualifié tant sur le cloud que sur la sécurité, l’ingénierie DevOps, et plus généralement sur la majorité des postes informatiques.

L’argent consacré au cloud est-il bien dépensé ?

La situation est donc particulièrement inquiétante, car les entreprises s’apprêtent à investir toujours plus lourdement dans le cloud. IDC a estimé que les dépenses des organisations dans les services dans le cloud seront de 96,5 milliards de dollars en 2016, et doubleront dans les cinq prochaines années pour atteindre 195 milliards de dollars en 2020. Pour la forme nous citerons l’estimation du Gartner, 204 milliards de dollars pour cette année, mais ses analystes nous ont habitués à jouer la carte de la surenchère…

La situation est donc inquiétante, car il est légitime de s’interroger : cet argent est-il bien dépensé ? À écouter s’exprimer les dirigeants des entreprises, la réponse est incertaine. Et à donner la parole aux cadres de ces mêmes entreprises, les besoins sont sous-estimés.

Comment renverser la vapeur ?

Plusieurs axes d’action peuvent être pris pour s’extraire de cette situation :

  1. Elever le débat au niveau du conseil d’administration et des investisseurs. Il faut cependant compenser ou contourner l’ancienneté des dirigeants et leur peu d’appétit pour le digital.
  2. Réorienter la stratégie et les activités de gouvernance de la DSI vers le conseil et l’éducation sur les options technologiques qui peuvent être rendues disponibles dans le cloud pour l’entreprise. La construction de partenariats, d’engagements et de collaborations avec les métiers doit permettre d’explorer et d’exploiter les opportunités et les nouveaux modèles offerts par le cloud.
  3. Transformer la DSI en courtier des services cloud, avec un rôle de consultation et de fournisseur de services, et une mission de définition et d’exécution des stratégies de transformation digitale.
  4. Ouvrir de nouvelles possibilités de carrière pour les équipes en place, impliquées dans l’héritage (legacy) ou le développement des SI en place (on premise). Ils représentent un vivier de talents que peu d’entreprises savent valoriser.
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