Avec ‘Mon Activité’, Google permet à ses utilisateurs d’accéder à l’historique de leurs activités… et offre un aperçu de ce qu’il sait de nous. Une transparence à donner des sueurs froides !

Nous savons tous que Google nous traque, qu’il conserve des informations qui nous concernent, que l’objectif du géant du web est de disposer des données qui vont lui permettre de gagner de l’argent, mais avons nous conscience de l’étendue de ce que Google sait de nous ?

Pour le découvrir, il suffit de visiter le site ‘Mon compte – Google’ (https://myaccount.google.com), également appelé ‘Mon Activité’.

Au départ, l’idée n’est pas mauvaise, le message de Google est même intéressant : « Contrôlez, protégez et sécurisez votre compte, depuis un même endroit ». Et de poursuivre « Sur la page "Mon compte", accédez rapidement aux paramètres et aux outils dont vous avez besoin pour protéger vos données et votre vie privée, et pour indiquer comment vos informations peuvent être utilisées pour que les services Google soient optimisés pour vous. »

Google ne cache rien...

Dans son sens littéral initial, la démarche de contrôle et de sécurité est méritoire. Google joue la carte de la transparence, cela doit être souligné, car c’est rare. De plus, dans ses principaux services — navigateur Chrome, moteur de recherche, messagerie G-Mail, GPS Maps, et vidéo YouTube —, ainsi que dans de nombreux usages (applications utilisées, smartphone Android, consultations, etc.) le service offre un visu sur l‘ensemble de nos activités — équipement et navigateur utilisés, heure et fréquence des visites — avec la possibilité de remonter l’historique jusqu’à l’ouverture du compte, et éventuellement de supprimer des entrées.

Google nous propose en priorité d’accéder à nos paramètres pour améliorer notre relation avec le géant du web et ceux qui le consultent pour accéder à nos informations. Voilà pourquoi officiellement Google regroupe en un lieu unique l’accès à l’ensemble (vraiment ?) des informations qui nous concernent.

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Google nous offre, à la condition que nous ayons un compte ouvert, un accès aux paramètres d’activités web et d’applications, et d’en prendre le contrôle, en particulier en désactivant les données enregistrées par lui. Il faut renouveler cette manipulation pour chaque application. On peut également demander l’effacement des historiques. Côté pub, Google offre à l’utilisateur de gérer plus finement les critères publicitaires, par exemple de pertinence des publicités en fonction de vos centres d’intérêt. Ne rêvez pas, il n’y a pas de bouton de suppression des pubs !

Un message aux régulateurs

En jouant la carte de la transparence, Google entend envoyer un message aux régulateurs qui l’ont dans leur ligne de mire, en particulier l’Union européenne. En nous octroyant un contrôle sur notre vie numérique dans son univers, Google veut mettre en place une relation de confiance avec ses utilisateurs. Il n’est pas sûr, cependant, que la confiance soit là, car si l’on se penche sur ce que Google nous révèle, l’incroyable profondeur de la connaissance que ses services accumulent sur nous a de quoi nous effrayer.

Il faut en effet dépasser ce qui pourrait passer pour anecdotique, et que nous avons accepté dès que nous nous sommes inscrits sur un service — tient, Google connaît mon nom, mon adresse, mon numéro de téléphone, mes habitudes de recherche, mes pôles d’intérêts… –, en espérant cependant que le moteur protège bien nos données ! Le ‘dépasser’ en imaginant ce que les outils modernes d’analyse, de Big Data, de marketing sont capables de faire aujourd’hui en croisant les données.

Pour peu que vous ayez une idée de ce que font ces outils, c’est devant un gouffre que l’on se retrouve, et l’on comprend mieux pourquoi certains marketeurs et des éditeurs de solutions analytiques n’hésitent pas à affirmer aujourd’hui qu’ils savent ou peuvent savoir tout de nous, de nos opinions et de nos comportements, en particulier de consommation.

Google défend nos… ses intérêts

Avec ce recul, et à regarder de près, la fin du message se fait plus ambiguë... À quoi riment « des services Google optimisés pour vous » ? Certes, il faut souligner la transparence adoptée par Google, l’opportunité qui nous est offerte d’accéder à un meilleur contrôle de ce que nous autorisons à pratiquer avec nos données. Mais cela va-t-il changer beaucoup de choses ? Supprimer l’historique n’est pas supprimer la donnée, c’est supprimer le lien qui nous relie à la donnée. Affiner notre relation avec la publicité n’est pas supprimer la pub, c’est juste permettre à Google d’avoir une idée plus précise de ce qui nous intéresse pour mieux cibler les campagnes.

Nous offrir le contrôle n’est qu’une illusion. Simplement maintenant nous en savons plus sur ce que Google sait de nous. Mais nous n’en savons pas plus sur ce qu’il fait de nos données… Ni ce que ses concurrents et autres acteurs du web en font !

Image d’entête 57739092 @ iStock arthobbit