9 banques sur 10 sont dans le cloud. L’époque où les entreprises financières cachaient leur présence dans le nuage serait-elle enfin révolue ?

Une fois n’est pas coutume, j’aimerais vous relater une expérience personnelle…

Il y a plus d’une décennie, le Cloud Computing était une invention qui frisait la rhétorique, principalement reprise par les équipes d’IBM qui se donnaient une image de visionnaires. A l’époque, déjà, une entreprise commençait à faire parler d’elle, Amazon. L’antagonisme entre cloud privé et cloud public n’existait pas encore, et finalement le cloud ne faisait que balbutier, tout le monde en parlait, mais personne ne l’avait vu réellement.

Pourtant, j’avais décelé dans ces discours une pépite technologique à suivre, même si, en France en particulier, peu d’experts souvent auto-proclamés savaient réellement de quoi ils parlaient. Un peu comme le Big Data aujourd’hui par certains aspects…

C’est pourquoi j’étais friand des invitations de presse qui me parvenaient et qui m’invitaient à découvrir les premiers retours d’expériences du Cloud Computing. Le plus souvent d’ailleurs issus des travaux d’intégrateurs qui en réalité étaient encore en tests.

Parmi ces invitations, plusieurs SSII m’ont invité à assister à une présentation des évangélistes d’Amazon, de l’offre qui aujourd’hui porte le nom AWS. Un cyber-marchand géant américain qui se propose de fournir à la demande et de facturer à la consommation une infrastructure de datacenter, et d’héberger applications et données, voilà qui était fort alléchant.

Seulement voilà, plusieurs fois je m’y suis cassé les dents, interdit d’assister à la conférence, et invité à quitter les lieux. Quelle était l’origine de ce phénomène ? L’attitude de visiteurs représentants d’entreprises qui rejetaient la présence d’un journaliste ! Renseignements pris, il s’agissait systématiquement de représentants de banques et de services financiers. Et des gros, comme notre pays a su en construire. Ne cherchez pas plus loin, je ne citerai pas de nom…

A l’époque, les banques s’intéressaient au Cloud et à la proposition d’Amazon. Mieux, elles l’expérimentaient, et avaient probablement fait basculer quelques services sur le cloud du marchand, hébergés sur des datacenters à l’époque exclusivement américains. Et cela, le Landerneau de l’informatique et de la finance se devait de le cacher, même si personne n’était dupe !

Tout cela pour en venir à une étude, signée Temenos, qui nous révèle qu’en 2016, 92% des acteurs globaux de la finance exécutaient une application ou plus dans le cloud.

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C’est d’abord la confirmation que les banques mangent du Cloud, comme tout le monde. Ont-elles changé d’attitude ? Non, leur discours demeure prudent, reposant principalement sur un cloud privé qui a le bon ton d’être acceptable et accepté. Cloud hybride ? Certaines seraient prêtes à le concéder. Cloud public ? L’idée de reconnaître que des données des clients circulent dans ces datacenters majoritairement américains hérisse encore le poil de certaines d'entre elles et de leurs DSI. Qui doivent par ailleurs affronter des règles de gouvernance de plus en plus contraignantes imposées par les Etats, l’Europe et les Etats-Unis.

92% des établissements financiers ont une présence dans le cloud, autant dire que toutes les banques ont des applications dans le nuage. Encore faudrait-il le reconnaître, et nous expliquer pour celles qui élargissent leur comportement comment elles peuvent s’arranger avec la gouvernance de nos données pour le moins sensibles ?

Dans le cloud, nous y sommes tous d’une manière ou d’une autre. Pour autant les réactions défensives n’ont pas quitté le discours. « Pour vivre heureux, vivons cachés », conclut la fable ‘Le Grillon’ de Jean-Pierre Claris de Florian, fabuliste élu à l’Académie Française en 1788, arrêté pour avoir écrit un épître à la Reine, qui ne dû sa liberté qu’à la chute de Robespierre, pour décéder quelques mois après des suites des conditions de son emprisonnement.

Allez, disons–le tout de go, il est des pratiques contestables comme des secrets de Polichinelle qui perdurent…

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