Les médecins comme les patients plébiscitent les sites médicaux, la médecine digitale et la consultation numérique. Mais attention, l’anxiété guette les patients, démontrant que l'IT peut aussi avoir un impact négatif.

Avec la technologie, la médecine est entrée dans l’âge des données. Le Big Data et les applications analytiques sont porteurs de progrès et secondent les laboratoires dans leurs analyses comme les médecins dans leurs diagnostiques. L’accumulation des données pourrait même transformer le champ de traitement du patient, et plus largement encore la médecine elle-même.

Selon McKinsey, les opportunités de business liées au Big Data dans la médecine seraient de l’ordre de 300 à 450 milliards de dollars annuels. D’ailleurs, que ce soit les laboratoires pharmaceutiques ou les sociétés de capital-risque, les investissements dans les IT des soins de santés sont massifs. Les enjeux sont colossaux, réduction des dépenses de santé, optimisation des services d’urgence, rentabilité des médicaments…

Il apparaît cependant que le parent faible dans cette affaire, c’est le patient ! Et pourtant, les données sont également en train de changer le rôle de ce dernier, en lui offrant une chance de jouer un rôle plus central dans ses propres soins. Par exemple, en utilisant la technologie mobile pour surveiller ses habitudes de sommeil, le rythme cardiaque, les niveaux d'activité, la glycémie, et ainsi de suite. Mais…

Anxiété et troubles somatiques

De 1% à 12% de la population souffre de troubles somatiques et est affectée par des maladies liées à l’anxiété. Ces personnes appartiennent à un genre précédemment appelé hypocondriaques. Une de leurs particularités consiste à se rendre régulièrement chez leurs médecins afin d’apaiser leurs préoccupations.

L’un des principaux sites américains d’information médicale, MDLive, affiche 28 millions d’utilisateurs enregistrés. Une étude sur leurs attentes révèle que 6% d’entre eux souffrent d’anxiété…

Pour cette population, comme pour les médecins qui les suivent, la télémédecine s’affiche très attrayante. Ceci d’autant plus que les applications se révèlent facile à utiliser. Leur succès est tel que les utilisateurs en demandent toujours plus, et souhaitent ardemment que les éditeurs élèvent leurs produits et leur en donnent plus.

Trop de télémédecine

Des experts se sont penchés sur ce phénomène, en se posant la question : peut-on donner encore plus aux personnes qui fréquentent les sites de télémédecine ? La question est d’importance, car il apparaît que les personnes qui souffrent d’hypocondrie figurent parmi celles qui fréquentent le plus ces sites.

Alors qu’elles ne présentent pas de symptômes, les personnes anxieuses d’un côté multiplient les maladies imaginaires, et de l’autre souffrent de maux et de douleurs souvent mineures, mais bien réelles. L’effet atteint par les sites de médecine serait à l’opposé de celui attendu !

Et le risque s’amplifie, avec l’usage des sites de télémédecine qui ne cesse de progresser. Dans les pays où la consultation à distance est autorisée, avec des prix pratiqués de l’ordre de 40 à 50 dollars aux Etats-Unis, il n’est pas rare de rencontrer des patients qui consultent leur médecin numérique jusqu’à 20 fois par semaine ! Une fréquentation largement supérieure à celle physique des médecins en cabinet.

La consultation des sites médicaux se révèle anxiogène pour les personnes qui souffrent de cet état d’esprit, comme pour les hypocondriaques. Les éditeurs de sites et d’applications sont invités à revoir leur copie pour prendre en compte cette population.

Qui est propriétaire des données de santé ?

Une dernière inquiétude demeure : tous les dispositifs de santé numérique accumulent les informations sur les utilisateurs et les patients. Apple ou Google, par exemple, au travers de leurs programmes de santé, espèrent devenir des dépôts pour toutes ces informations, avec la promesse de donner aux consommateurs de nouvelles façons de suivre et peut-être améliorer leur santé.

La construction de ces bases est un enjeu pour notre futur, ou tout du moins pour les entreprises à l’origine de ces projets. Lorsque l’on observe les dérives liées à l’anxiété, on se demande pourquoi les opérateurs de nos données n’ont pas encore mis en place des systèmes d’alerte, pour le patient comme pour son médecin ? Une question de priorité, sans doute. Une véritable inquiétude également, car le patient que nous sommes en est bien éloigné.

A méditer et rapprocher de la plupart des projets IT…

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