Quelle est la réalité d’une informatique et plus largement d’une entreprise bimodale, à deux vitesses ? Et quelle est la place du DSI dans cette vision ?

L’informatique bimodale : derrière cette expression - qui ‘a minima’ a le mérite de remplir les caisses du Gartner ! - se cache une réalité, celle de l’entreprise à deux vitesses, celle des acquis qui misent sur la stabilité, et celle de la transformation digitale, avec ses deux piliers que sont la vitesse et l’agilité.

A écouter du Gartner, qui a eu la riche idée de proposer ce concept, l’informatique bimodale se décline en deux modes :

  • Mode 1 : l’informatique traditionnelle, sur laquelle repose en partie la stabilité de l’entreprise et son industrialisation.
  • Mode 2 : l’informatique de dernière génération, celle du cloud et des micro-services, de la vitesse, de l’agilité et de DevOps.

Notons au passage que certains imaginent un mode 3, ou tout du moins 2.5, qui intègre les startups pour outsourcer l’innovation et la recherche de valeur.

Les entreprises doivent concilier les deux modes. Le DSI rend des comptes sur le mode 1, plutôt tourné vers l’industrialisation de l’informatique, et sur lequel sa marge d’erreur est faible. Le mode 2 lui permet de proposer la vitesse et l’agilité qui lui sont demandées par les métiers, au travers de DevOps.

Qu’est-ce qui a changé ?

Le mode 2 pourrait être considéré comme une prolongation ou une extension logique du mode 1. En réalité, il prend en compte une évolution majeure de l’entreprise et de son informatique érigée en objectif commun : le finalité client. Rien de bien nouveau ici, pourriez-vous penser, mais le changement culturel est majeur, pour la DSI comme pour les métiers.

Voilà pourquoi certains observateurs placent en pré-requis une étape initiale mettant en avant l’agilité UX (les interfaces client) et le design thinking. Et de n’utiliser des méthodes qu’à partir du moment où elles ont été pensées pour le client.

Le rôle de DevOps

Quelle est la place de DevOps dans l’informatique bimodale ? Celle-ci se doit de répondre au besoin de rapidité et à la culture de l’automatisation. Et par la capacité de déploiement continu. DevOps répond au-delà de l’effet de mode. Ce qui représente également un véritable changement culturel.

Pendant longtemps, l’informatique a été dirigée par le schéma directeur. Aujourd’hui, pour répondre aux attentes pressantes des métiers, les développeurs comme les opérationnels doivent accepter le leitmotiv du ‘quick fail’. Il ne s’agit pas cependant de prôner l’échec, mais en théorie le mode 2, avec son agilité, supporte et intègre plus facilement l’erreur. Surtout, un projet souligne le succès ou l’échec d’une équipe, ce qui évite de blâmer seule la personne qui a commis l'erreur. A chaque individu de réagir dans son contexte, en adoptant les meilleurs réactions.

Et le shadow IT ?

C’est ici que se pose la question du shadow IT, l’informatique imposée par les métiers en dehors de la DSI, et considérée par beaucoup de DSI comme un affront. Cette pratique est pourtant à considérer comme normale, puisque les ressources de la DSI ne suffisent plus à répondre aux attentes des métiers.

Le grain de sable dans le rouage

Tout cela est bien beau, mais l'informatique bimodale et DevOps cachent une réalité moins idyllique... Sur le terrain, l'entente entre développeurs et opérationnels n'est pas si évidente, et beaucoup d'équipes au mieux s'observent, au pire s'affrontent. Le bimodal est aussi un mouvement culturel qui a trop souvent du mal à bousculer les habitudes et à se mettre en place... Mais cela les experts du sujet enn place chez les fournisseurs ont du mal à l'accepter !

Propos recueillis lors du débat « L’avènement de l’informatique bimodale : une fatalité, un piège ou une opportunité ? » du Club de la Presse Informatique B2B, qui a accueilli Régis Allègre, directeur de l’activité DevOps chez Accenture France ; Sébastien Vugier, senior vice president & general manager, ecosystem engagement & vertical solutions chez Axway ; Bruno Buffenoir, vice-président, directeur général des ventes chez HPE France ; Gilles Potard, primary storage business director, global alliances chez Dell-EMC ; Michaël Rolland, directeur marketing Services & Strategic Accounts chez Econocom ; Jean-Marc Bonnet, directeur de l’architecture et des solutions analytiques chez Teradata.