Faisons fi des prédictions, ce qui se trame dans l’innovation et ses scénarios des futurs est autrement plus vital pour l’avenir de l’humanité…

La période qui cumule la fin de l’année et le début de l’année suivante est un spectacle, où des ‘artistes’ pas toujours bons montent sur scène pour haranguer les foules de lecteurs potentiels de leurs prédictions. L’année passée se transforme en année de transition, car les prédictions passées sont loin de s'être réalisées, et l’année qui s’ouvre en année de changement.

Un regard prospectif nous révèle qu’en réalité rien ne se passe comme prévu. Les prédictions sont soit largement dépassées, ou plutôt bien souvent contournées, soit un échec, à oublier rapidement. Dans le premier cas, nous et de manière plus inquiétante nos dirigeants se retrouvent dépassés, par la vitesse comme par le volume du changement. Dans le second s’installe un statu quo qui pousse à l’oubli.

Voilà qui devrait nous inviter à penser différemment. Les changements sont technologiques, mais concernent réellement un nombre limité de leaders numériques. Puis suit la meute dans une course pour les rattraper, ce qu’ils ne feront jamais car le principe même de la transformation technologique est moins de s’adapter que de prendre de l’avance. Dans ces conditions, l’écart entre les leaders et les autres ne fait que se creuser !

Il faut donc bien comprendre que le changement doit en substance être profond, et non pas reposer sur des émergences, qui déjà par le fait qu’elles sont connues appartiennent au passé. Le vrai changement passe par la création de ce qui n’a jamais existé, ce qui impose la modification de l’entreprise, la redéfinition des compétences de base, la modification de l’industrie… Il n’est plus ici question de modernisation, mais de réinvention de l’avenir.

Alors plutôt que des prédictions, pourquoi ne pas évoquer des scénarios futurs ? Les scénarios ont le mérite d’évoquer un avenir émergent, des choses sur lesquelles les dirigeants doivent porter un regard critique, et non pas acquiescer de technologies à acquérir. Ils reposent sur une fondation technologique reconnue de tous – Internet, Cloud, Big Data et analytiques, mobile, social -, et font entrer en jeu les accélérateurs de l’innovation – impression 3D, Internet des Objets, Drones, Blockchain, robotique, nanotechnologies, intelligence artificielle, systèmes cognitifs, génomique, etc.

Cette sphère du digital acquise, reste à se poser la vraie question : comment rendre ces scénarios possibles pour l’entreprise ? La réponse repose sur trois dimensions qui sont les moteurs de la transformation :

  • Les plateformes

Le modèle business des plateformes repose sur la fourniture d’effets de réseaux qui sont autant d’opportunités de croissance. La révolution réside dans l'utilisation de la technologie pour connecter les personnes, les organisations et les ressources dans un écosystème interactif dans lequel des quantités incroyables de valeurs peuvent être créées et échangées.

  • L’automatisation

C’est le domaine d’intervention clé de la transformation, le moteur des progrès rapides de l’IA, des analytiques, de l'énergie, de la robotique, et de la puissance de calcul. Celui également qui aura le plus fort impact sociétal, avec des conséquences inévitables sur les emplois, des conséquences qui appellent à une analyse sur le long terme sur laquelle peu d’économistes et de politiques ont souhaité s’engager.

  • L’éthique

Il est des préoccupations croissantes dont les conséquences non intentionnelles rôdent, mettant l'humanité elle-même en danger. La technologie face à l'humanité, la recherche d’un équilibre délicat entre les avantages sociaux constitutifs de l'innovation, et les conséquences inattendues de la science et de la technologie qui n’ont pas d'éthique, ainsi qu'un moteur d'innovation qui n'a pas de gouvernance.

Cette tribune repose sur des propos partagés avec Franck Diana, analyste de la Silicon Valley et CTO de Fujitsu Consulting, qui a également été CIO d'AT&T.

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