Laissez-moi vous parler d’une startup allemande qui propose une solution de caisse enregistreuse pour restaurant sur base iPhone et iPad et dans le cloud...

Il peut paraître étonnant, aujourd’hui et sur IT Social, d‘évoquer une startup qui a développé une solution de caisse enregistreuse dans le cloud. Et pourtant, c’est une information qui est intéressante à plus d’un titre, historique en particulier. Accordez-moi le temps de l’évoquer…

Les débuts de l’informatique

Au début des années 80, les plus âgés d’entre nous et les générations qui nous ont précédées ont découvert sans le savoir l’informatique au travers des caisses enregistreuses. Eh oui, c’est l’époque où la grande distribution a commencé à s’équiper de systèmes de caisses reliées à un ordinateur central. Une double révolution pour l’époque, qui permettait de suivre en temps quasi réel, sous réserve de faire une interruption de caisse, le montant du chiffre d’affaires réalisé, mais également de suivre le stock en décalé !

Certes, le système était un embryon des caisses que nous connaissons aujourd’hui, des meubles énormes munis d’un simple clavier numérique, sur lequel la caissière, personnage incontournable de la relation client, devait taper le code du produit sur une dizaine de chiffres (affichés sur l’étiquette, pas sur l’emballage), ainsi que le prix et la quantité. Un écran au secrétariat du magasin permettait d’interroger la situation de caisse et l’état des stocks.

La révolution est venue également de l’introduction de la loi de Pareto, plus connue sous le nom de loi des 20/80, dans les process d’analyse des ventes et des stocks, mais cela est une autre histoire. De même que l’introduction des codes à barres sur les emballages et des douchettes pour les scanners, qui interviendra bien plus tard.

La caisse enregistreuse, critiquée...

Dans le commerce traditionnel, l’introduction des caisses enregistreuses ne bénéficiait pas de la même attention. Le commerçant se contentait d’une machine à calculer à bande, éventuellement associée à un tiroir-caisse, principalement utile pour comptabiliser plusieurs produits sur un même ticket. Quant au stock, il se gère à vue. C’est encore le cas dans beaucoup de boutiques. Car la caisse enregistreuse a un gros défaut, elle enregistre les ventes. Or, dans certains commerces aujourd’hui encore une partie de la recette, en espèces, disparaît… Il ne nous appartient pas de juger de cette pratique encore courante dans les mœurs de certaines professions.

C’est le cas chez beaucoup de restaurateurs ! C’est pourquoi en dehors des chaînes de restauration qui ont très rapidement éprouvé le besoin de disposer des caisses enregistreuses à la fois pour obtenir des résultats commerciaux et comptables précis, pour apporter la précision sur le ticket du client, et pour empêcher toute pratique licencieuse chez leur personnel (ne nous le cachons pas !), la caisse enregistreuse a été longue à s’imposer dans la restauration.

Aujourd’hui est une autre époque, la triche n’a plus la même résonance dans les pratiques des restaurateurs qui au contraire ont besoin de précision dans leur gestion. Et la vague du numérique est passée par là. Autre point de vue, il m’arrive de participer à des jurys de projets d’écoles d’ingénieurs. Et bien des projets de déporter la caisse enregistreuse du restaurant ou du bar vers des supports smartphones et tablettes figurent parmi les plus couramment développés durant les cursus de formation. La France a, plus que partout dans le monde, une culture de la restauration, et cela se ressent jusque dans nos écoles d’ingénieurs.

Mais revenons à Orderbird

Cette startup allemande a 5 ans. Elle a développé une solution caisse enregistreuse qui repose sur le cloud et sur l’iPhone et l’iPad. Elle permet d’enregistrer la commande du client, d’éditer un ticket de caisse, d’enregistrer le paiement, et éventuellement de piloter le tiroir-caisse. L’expression anglo-saxonne ‘point of sales’ serait plus judicieux pour décrire l’offre d’Orderbird, car la caisse enregistreuse fait référence à la phase finale, le paiement, mais elle est entrée dans le langage courant, alors…

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La startup, qui cherche à se développer en France, a déjà 6 500 clients, et en enregistre 300 nouveaux par mois. Qu’est-ce qui explique son succès ? « Les systèmes en place sont anciens, ils ne sont pas connectés à Internet, ils sont chers et fermés », nous a commenté Bastian Schmidtke, directeur innovation d’Orderbird. L’usage d’un iPhone ou d’un iPad comme terminal point de vente facilite l’apprentissage de l’usage du produit en quelques minutes. Et la solution ne nécessite pas d’infrastructure locale, juste la présence d’une imprimante connectée, et éventuellement d’un tiroir-caisse également connecté. Les données sont dans le cloud, et les KPI automatiques.

C’est ainsi que Orderbird participe à la transformation digitale de la restauration. « La caisse enregistreuse est la plus ancienne économie de l’informatique, nous rappelle Bastian Schmidtke. Mais elle met en compétition des produits complexes, ce qui avec la taille réduite de la majorité de ses très nombreux acteurs, que ce soit du côté de la restauration ou de celui des fournisseurs, n’a pas favorisé l’évolution des solutions informatiques adaptées au secteur. Notre projet est de transformer le ‘point of sales’ en ‘point of services’ ».

L’objectif immédiat d’Orderbird est de s’implanter en France. Un marché réputé difficile et très fragmenté. Une entité de 35 personnes sera créée avant la fin de l’année. Et après ? Les réflexions de la startup vont sur la connectivité pour le paiement...

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