Après les ‘like’, le ‘retweet’ et les ‘hashtags’, Hillary Clinton et Donald Trump ont envahi Snapchat, mais c’est à peu près tout ce qu’ils ont en commun en ce qui concerne les médias sociaux.

Barack Obama l’avait démontré lors de ses deux précédentes campagnes présidentielles, les médias sociaux jouent désormais un rôle de premier plan dans les élections américaines, ou tout du moins leur accorde-t-on une mission, celle de séduire les électeurs hésitants.

Ces médias se révèlent être les nouveaux catalyseurs de l’humanisme et de la proximité des candidats, qui cherchent désormais dans le numérique le point de sympathie qui fera basculer les électeurs. Souvenez-vous de Bill Clinton qui jouait du saxophone en solo dans l’émission de TV Arsenio Hall Show, ou encore George Bush fils qui avait donné l’envie à ses électeurs de venir boire une bière…

C’est ce que recherchent les deux candidats sur les médias et réseaux sociaux, avec des fortunes diverses :

Hillary Clinton

  • Dans le talk-show sans but lucratif ‘Between Two Ferns’, animé par Zach Galifianakis, la candidate a joué sur du velours, l’animateur ayant refusé d’inviter son concurrent pour « déficience mentale » ! Hillary Clinton a joué la carte de l’humour avec un sketch de 6 minutes.
  • Un clip réunissant des acteurs des films de la Marvel invités par Robert Doney Jr. a basculé de l’humour à la colère en terminant avec l’acteur noir Don Cheadle qui a dénoncé le racisme du candidat Trump. Cette pratique est devenue une coutume dans le camp démocrate depuis un clip réalisé par Stephen Spielberg en 2008.
  • La guerre des hashtags que se livrent les candidats a tourné au profit de la candidate lorsque durant le débat télévisé qui les a opposés a été relancé le #ImWithHer. Le slogan est exploité depuis 2011, mais demeurait dans l’ombre, largement dépassé à l’époque des primaires par le #I'mWithTheBlackGuy du candidat Obama.
  • Un flux de vérification des affirmations de Donald Trump est venu compléter le site de campagne de la candidate. À chaque fois que son opposant lance une affirmation, des dizaines de milliers d’Américains se retrouvent sur ce site pour lire les commentaires suite aux tweets souvent extrêmes du candidat.

Donald Trump

  • Le candidat républicain et son entourage misent fortement sur Twitter et les petites phrases assassines qui se succèdent, pas toujours de bon goût et souvent tendancieuses. Mais les internautes aiment cela, ils font de Trump le champion des tweets, et peu importe que beaucoup se retournent contre lui… L’efficacité de la méthode est dans la répétition, qui selon certains observateurs pourrait frôler l’hypnose. Alors le candidat n’hésite pas à en abuser.
  • L’équipe de campagne de Donald Trump a très vite cherché à exploiter Snapchat, devançant l’équipe de Clinton. L’objectif du candidat est de séduire une population plus jeune sur ce réseau que sur Facebook et Twitter. Et les inciter à aller voter, car ils sont traditionnellement absents des bureaux de vote. Il semblerait que Trump mise beaucoup sur ce public pour compenser ses ‘erreurs‘ portant sur ses affirmations à la limite du racisme portant sur les populations noires, hispaniques, et plus récemment féminines.
  • Enfin, le candidat pratique à outrance le retweet de messages venant de tous les internautes, pour peu qu’ils lui soient favorables, et parfois sur des propos tendancieux (racistes) afin d’en décupler les effets sur la cible visée, celle de l’Amérique profonde. Des reprises régulièrement accompagnées d’un message grossier du candidat, « Holy shit » (putain de merde), court et efficace !

Conclusion

En 2008, Hillary Clinton avait pleuré devant une foule qui lui était acquise en évoquant l’avenir économique de son pays, ce qui lui avait valu une belle remontée dans les sondages. Mais Barack Obama s’était révélé plus fort qu’elle, en partie emporté par les communautés noires et hispaniques. Aujourd’hui, elle mène une campagne plus en réserve, longuement préparée depuis une décennie. Et elle cherche à exploiter les extravagances de son concurrent plutôt que de se mettre trop en avant.

C’est tout l’inverse chez Donald Trump, le candidat républicain cherche plutôt à consolider son électorat blanc de l’Amérique profonde, une stratégie et conquérante, à la texane. Sa stratégie mise sur les excès, ce qui lui a plutôt réussi, jusqu’au réveil des minorités et des femmes. Cela incitera-t-il ces populations à rejoindre les bureaux de vote afin de contrecarrer l’électorat des Américains moyens blancs et pro Trump ? Les médias sociaux alimentent les campagnes, mais rien ne prouve qu’ils inciteront les Américains qui habituellement ne votent pas à se lever le jour des élections…