Dave McClure, Justin Caldbeck, Matt Mazzeo, Jonathan Teo, Amit Singhal, Ed Baker, Emil Michael, Travis Kalanick. Ces figures de la Silicon Valley, toutes associées à Uber, sont tombées pour harcèlement sexuel…

Les affaires de harcèlement sexuel s’accumulent sur la Silicon Valley, mais ce n'est pas nouveau ! Ce qui a changé, par contre, c’est que les femmes aujourd’hui choisissent de parler. De quoi faire trembler la puissante élite masculine qui contrôle ce haut lieu historique de la technologie.

Le sexisme de la Silicon Valley

Le sexisme est profondément ancré dans la Silicon Valley, où selon certains observateurs il aurait été toléré. Au point que le journaliste Jeff Bercovici a affirmé que le sexisme « est une caractéristique, pas un bug ».

Sans oublier d’évoquer la sous-représentation des femmes à la tête des entreprises technologiques. Chez Twitter, par exemple, aucune femme n’a figuré à son conseil d’administration jusqu’en décembre 2013, soit un mois après son entrée en bourse.

Mais ce qui soulève l’opprobre aujourd’hui, ce n’est pas un sexisme ambiant qui existe depuis bien longtemps dans les entreprises IT. Et contre lequel beaucoup d’entre elles luttent activement, mais pas toujours avec des résultats à la hauteur de leurs ambitions, car les métiers de l’informatique peinent à attirer les femmes. C’est une dérive qui commence à prendre de l’ampleur : le harcèlement sexuel.

Là encore, rien de bien neuf au sein des pratiques de certains dirigeants d’entreprises IT. En revanche, les accusations qui sont portées contre eux se font autrement plus graves. Avec un chef de file objet de toutes les accusations, Uber.

Tout est parti d’un billet de blog…

L’affaire a débuté par un billet de blog diffusé par une ancienne ingénieure de Uber, Susan Fowler, qui aurait reçu des avances de son directeur, et ce serait vue rejetée par les ressources humaines quand elle leur a rapporté l’incident. Sans passion mais documenté, son billet décrit un évènement social en partie lié à l’alcool. C’est le déclencheur qui a entrainé l’émergence de nombreuses histoires de maltraitance et de harcèlement dénoncées par des femmes qui en ont été les victimes durant leur passage chez Uber.

La compagnie a engagé deux cabinets d’avocats, Holder et Perkins Coie, pour enquêter sur les allégations. Ce qui s’est traduit par plus d’une vingtaine de licenciements. Puis est venue une remarque machiste portée par un investisseur et membre du conseil d’Uber lors de la publication des résultats de l’enquête menée par Holder, à la mi-juin. Il a été également invité à quitter le groupe. Mais le mal était fait, et il n’a fait que l’aggraver !

Uber accumule les ressentiments

Uber a fait l’objet d’une accumulation de ressentiments contre une discrimination visant à réduire au silence les femmes victimes des déviances de ses membres masculins. Et en quelques mois cette affaire a fait boule de neige…

  • Dave McClure, fondateur et associé au groupe d'investissement 500 Startups, a démissionné le 3 juillet, quelques jours après que l’une des femmes accompagnées par le fond a révélé des avances sexuelles qu'il aurait porté sur elle.
  • Justin Caldbeck, Matt Mazzeo et Jonathan Teo sont les victimes de Binary Capital, un fonds de capital-risque dont les investisseurs ont menacé de retirer leurs engagements en matière de financement après que des femmes ont accusé Justin Caldbeck d’avances non désirées et de comportements inappropriés. S’ensuivent des démissions en chaine, Matt Mazzeo ayant déclaré qu'il a démissionné parce que « la nature des allégations en cours entourant l'entreprise et les faits qui sont venus à la lumière ont clairement indiqué qu'il ne pouvait plus être associé à l'entreprise ».
  • Amit Singhal a été licencié en février pour avoir caché qu'il a quitté son précédant emploi chez Google pour harcèlement sexuel présumé.
  • Ed Baker a démissionné en mars après que des rumeurs ont circulé sur une ‘invitation’ visant une autre employée Uber lors d'une retraite de l'entreprise à Miami.
  • Emil Michael a quitté le groupe en juin sur la recommandation spécifique de l’enquête menée par l’ancien procureur général des États-Unis Eric Holder sur la culture de Uber qui a révélé son implication dans un scandale d’escort-girl dans un karaoké de Séoul,
  • Enfin, Travis Kalanick est parti le 20 Juin après que cinq des principaux actionnaires de Uber ont demandé sa démission.

Le sexisme des entreprises de la Silicon Valley a été trop longtemps ignoré. Et elles ne peuvent continuer de demeurer volontairement dans cet état. Mais entre la révolte des femmes victimes de discrimination et la volonté des investisseurs qui veulent éviter de ternir l’image des entreprises avec lesquelles ils travaillent, une vague de révélation et d’invitation à la démission pourrait bien submerger les entreprises technologiques.

La vague soulevée par Uber risque de s’étaler sur la Silicon Valley. Tout comme ses conséquences sur la gouvernance des entreprises IT…

Image d’entête 806435822 @ iStock Irina Griskova