Après s’être appuyées sur des partenaires bancaires et leurs licences pour développer de nouveaux services financiers, de plus en plus de FinTech cherchent aujourd’hui à s’en éloigner et à obtenir leur propre licence, malgré la complexité de cette stratégie. Le moment est proche pour le DAF et l’entreprise de revoir également leurs stratégies.

Créer une FinTech, une startup de la finance, n’est pas chose aisée. Le marché sur lequel elle évolue impose des règles particulièrement contraignantes, qui ne facilitent pas la réalisation d’idées innovantes par de petits acteurs. Qu’il s’agisse d’obtenir une licence pour exercer, un agrément des organismes de régulation, de respecter les règles de gouvernance, ou encore d’offrir les garanties de dépôt, la majorité des FinTech préfère collaborer avec un partenaire bancaire.

Pourtant, toutes les FinTech n’adoptent pas la même vision ni la même stratégie. Et même, par exemple, s’il sera toujours complexe d’obtenir les licences qui permettent d’exercer certaines activités — encore plus complexe lorsque l’ambition est internationale, aux États-Unis une licence s’impose par État ! – certaines FinTech ont décidé que ces tracas valent la chandelle. Elles cherchent à écarter leurs partenaires bancaires.

Pourquoi obtenir des licences bancaires complètes ?

Si ces FinTech ambitionnent d’évoluer seules, c’est probablement que l’effort auquel elles acceptent de se soumettre en vaut la peine. Ou parfois qu’elles n’ont d’autre choix ! Une startup américaine spécialisée dans le transfert d’argent s’est implantée en Grande-Bretagne en s’appuyant sur un partenaire bancaire britannique, avant de découvrir que celui-ci était poursuivi pour des malversations dans ces pratiques…

Les motivations sont diverses :

  • Réduire la complexité

Cela pourrait sembler paradoxal, mais l’obtention complexe d’une licence permet ensuite de réduire la complexité dans l’exercice des activités bancaires, comme la gestion de comptes de dépôt, ou l’intégration aux systèmes d’échange bancaire pour accélérer les transferts, ou encore d’assurer un contrôle du client de bout en bout.

  • Offrir un plus large éventail de produits

Disposer de sa propre licence permet potentiellement de proposer plus de fonctionnalités, de services ou de produits. Indépendante, la FinTech a la liberté de créer ses produits différenciés.

  • Réduire les coûts d’encours

Si le coût des licences est élevé, les frais récurrents imposés par les tiers sont encore plus coûteux. Dans certains domaines, comme le transfert d’argent, la concurrence est rude et les prix sont très serrés. La réduction des frais généraux s’impose. Surtout lorsque l’entreprise veut se montrer agressive sur ses prix.

  • La conformité sans recourir à des tiers

En disposant de sa licence, la FinTech peut établir et contrôler ses propres règles de conformité, et se protéger des interruptions de service causées par les questions de réglementation chez leurs partenaires.

Vers une explosion de la concurrence sur les services financiers

Avec l’arrivée des FinTech, nous entrons dans une période de grands changements, d’augmentation et d’accélération de la concurrence sur le secteur des services financiers. Un mouvement qui devrait également profiter du bon accueil apporté par certains régulateurs aux jeunes pousses de la finance. Certains vont même, comme à Londres, jusqu’à lancer des services conçus pour aider les FinTech.

Du côté des services financiers des entreprises et des DAF, il va falloir réfléchir aux stratégies à adopter pour exploiter les avantages qu’ils pourront tirer de ces changements et des FinTech. Il leur faudra également compter sur la DSI pour appuyer leurs démarches et pour affronter la disruption.

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