Déjà en crise, la nouvelle économie mondiale va-t-elle supporter la nomination de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis ? Il y a urgence à réagir et à compenser pour ceux qui croient en un monde connecté…

Nous aurions pu titrer notre article « L’élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis d’Amérique va-t-elle aboutir à un nouveau Brexit ? ». Pourquoi ? Parce qu’il suffit de reprendre les promesses de campagne du futur président pour faire le constat du risque d’un effet Brexit sur les Etats-Unis.

Les promesses de campagne du candidat Trump

Le candidat républicain a fait principalement 5 promesses populistes durant sa campagne, dont les effets devraient se ressentir au delà des seules frontières américaines :

  • Limiter la circulation des personnes et des biens aux États-Unis
  • Rejeter les accords commerciaux
  • Augmenter les tarifs douaniers
  • Limiter l'immigration
  • Construire des murs autour du périmètre de la nation

En fait, la dernière proposition du candidat est emblématique de sa campagne, et finalement celle qui résume son programme. Et il faut reconnaître que protectionnisme et nativisme américain sont en ligne avec le vote du Royaume-Uni qui a affiché le souhait de la moitié des Britanniques d'abandonner l'ouverture des frontières avec l'Europe. Et avec la réaction anti-immigrants qui se répand dans une grande partie du monde, dont la France où certains politiques n'ont pas attendu leurs restes pour s'emparer de cette revendication.

Le danger pour l’économie américaine

La puissance des Etats-Unis s’est construite sur des valeurs. Ce que Donald Trump et les candidats tentés de le suivre jusque dans ses positions féministes oublient :

  • Le commerce et les accords commerciaux sont des contributeurs à la croissance économique et à la prospérité.
  • Les immigrants sont des contributeurs à la croissance économique d'un pays. Si par exemple les Etats-Unis s’étaient fermés à l’immigration, ils n’auraient eu ni Alexander Graham Bell, ni William Procter et James Gamble, ni Andy Grove, ni Elon Musk, ni Sergey Brin...
  • Dans le même ordre d’idée, les Etats-Unis sont un terrain fertile pour la formation et la qualification des talents, ainsi qu’un modèle pour les entreprises dynamiques et la création d'emplois. A ce titre, les immigrants ont fondé un quart de toutes les startups technologiques américaines.
  • Les entreprises avec plus de femmes leaders sont plus rentables.

Et puis, l'argent consacré à la construction d'un complexe industriel et policier de sécurité aux frontières donne des rendements négatifs par rapport aux investissements dans l'éducation et les infrastructures.

En s’opposant à ces valeurs et en portant un projet de consolidation des frontières physiques, Donald Trump et ses électeurs se détournent des valeurs américaines et risquent fortement de casser le moteur de son économie et de ses compétences.

Le danger pour le reste du monde

Pour les tenants d’une économie mondiale et connectée, le grand danger à la veille d’autres élections nationales, en particulier en Europe l'année prochaine, c’est de voir des candidats reprendre les idées populistes de Trump en diabolisant le libre-échange et de la société pluraliste. Sans oublier de réduire le débat à des échanges épistolaires grossiers et limités à 140 caractères !

Attirés par les gains court termistes d’un discours limité, mais aux grands effets, la majorité des individus ne sont pas réceptifs à des arguments qui militent pour un monde plus ouvert. Il faut à également comprendre les électeurs américains déçus qui aujourd’hui descendent dans la rue. Leur colère porte sur le système électoral des grands électeurs qui n'est pas représentatif de la majorité des votes. Elle est également en partie tournée contre les multinationales incapables de partager leurs richesses, et de se montrer honnêtes et compatissantes. La politique de Donald Trump ne changera rien à cet état de fait, et le mécontentement social perdurera jusque dans les rangs de ses propres électeurs...

Mais c’est surtout le risque d’arrêt porté à une économie mondiale ouverte par une politique populiste, qui s'assied sur les fondamentaux qui ont participé à l’enrichissement du modèle américain, qui a poussé la majorité des chefs d’entreprises et la quasi totalité des patrons de startups à s’engager non pas pour Hillary Clinton, mais contre Donald Trump. Les voix qui s’élèvent pour soutenir la sécession de la Californie, même si elles ont peu de chance d’aboutir, participent de ce mouvement.

Quels espoirs pour l’économie mondiale ?

Alors, Donald Trump est-il porteur d’un Brexit à l’américaine ? La question n’est pas appropriée. En effet, le futur Président est un entrepreneur, qui a réussi, et qui ne cherchera probablement pas à se séparer du reste du monde. A un détail près, sa campagne milite non pour la séparation du monde par l’érection de nouvelles frontières, mais pour le renforcement des frontières par des mesures qui pourraient bien faire ressembler les Etats-Unis à une nouvelle Chine, fermés…

Cela, il est certain que les cadres du parti Républicain lui feront comprendre que tout Président qu’il est, il doit se plier à certaines règles. C’est toute la limite du populisme, dont l’individualisme économique s’arrête là où commence l’enrichissement des géants de l’économie. Et lorsque Trump menace un Amazon ou un Apple, il ne fait qu’alimenter l’affrontement entre l’ancienne et la nouvelle économie, un combat d’arrière garde dont le vainqueur est déjà connu.

D’ailleurs, à y regarder de près, les rares grandes entreprises américaines qui ont soutenu le candidat Trump, à l’exemple des géants des télécoms, défendent leur marché captif, mais sont loin de celles qui génèrent la majeure partie de leurs revenus à l'extérieur du pays. Qui comptent sur une capacité à recruter les meilleurs talents du monde entier. Et dont la richesse culturelle ne peut être contenue par des frontières nationales.

Mais surtout, les communications numériques et des plateformes financières décentralisées vont compenser la capacité de tout leader individuel de bloquer le mouvement des idées et du commerce. Et puis, si le Président Donald Trump met en application son programme, ce qui reste à démontrer tant le personnage est complexe - il a cependant déjà affirmé que le programme de mur à la frontière mexicaine et de l'expulsion de 2 à 3 millions de Mexicains illégaux sera exécuté ! -, il restera à attendre la fin de ses quatre ou huit ans de règne… et la fin du quinquennat du prochain Président français.