Une quarantaine d’institutions principalement financières, dont 3 banques françaises, ont investi 107 millions de dollars dans la startup américaine R3, le consortium qui développe la plateforme blockchain open source Corda, mais ne veut pas être une blockchain !

Nous évoquions voici quelques jours la plateforme Ethereum, une blockchain sur mesure principalement destinée aux entreprises (lire « Ethereum se voit l’avenir de la blockchain version entreprise »). Les stratégies autour de la blockchain se consolident, un acteur a trouvé sa place au sein des institutions financières.

Et de 3 !

Après Chain Inc, startup californienne qui réunit Citigroup, Capital One, Nasdaq et Visa, ainsi que le fonds français Orange Digital Ventures.

Après Ethereum, que nous venons d’évoquer, où figurent Santander, ING, UBS, Goldman Sachs et Morgan Stanley.

Une troisième plateforme blockchain à consonance financière fait de nouveau parler d’elle, la startup newyorkaise R3.

Un consortium clairement financier

R3 a été fondée en 2014, et rendue publique en 2015 via la création d’un consortium, qui à l’époque réunissait Barclays, BBVA, Commonwealth Bank of Australia, Credit Suisse, Goldman Sachs, J.P. Morgan, Royal Bank of Scotland, State Street, et UBS.

Bientôt rejoints par Bank of America, BNY Mellon, Citi, Commerzbank, Deutsche Bank, HSBC, Mitsubishi UFJ Financial Group, Morgan Stanley, National Australia Bank, Royal Bank of Canada, Skandinaviska Enskilda Banken, Société Générale, et Toronto-Dominion.

Puis Mizuho Bank, Nordea, et UniCredit. BNP Paribas, Wells Fargo, ING, Macquarie Group et Canadian Imperial Bank of Commerce. BMO Financial Group, Danske Bank, Intesa Sanpaolo, Natixis, Nomura, Northern Trust, OP Financial Group, Banco Santander, Scotiabank, Sumitomo Mitsui Banking Corporation, U.S. Bancorp et Westpac Banking Corporation. SBI Holdings of Japan, Hana Financial of South Korea, et Bank Itau of Brazil. Toyota Financial Services et MetLife.

40 de ces institutions ont participé à une levée de fonds massive de 107 millions de dollars, la plus importante pour un projet blockchain. Figurent parmi elles Bank of America Merrill Lynch, HSBC, le japonais SBI, le fonds souverain singapourien Temasek, ainsi qu’Intel toujours présent lorsque l’opportunité lui est offerte de financer des projets qui lui permettront de placer toujours plus de serveurs.

Parmi les acteurs de la finance figurent trois banques françaises : BNP Paribas, Natixis et Société Générale. Interrogé par La Tribune, Frédéric Dalibard, Responsable du digital chez Natixis (groupe BPCE), a déclaré : « La technologie de registre distribué est extrêmement prometteuse et R3 s'est déjà imposé comme un pionnier dans son développement pour les services financiers ».

Pourquoi R3, l’acteur blockchain qui ne veut pas être blockchain ?

Le consorsium R3 s’est créé clairement pour servir le monde de la finance. La plateforme Corda est open source, elle participe également au projet Hyperledger de normes communes pour la technologie blockchain supporté par la Fondation Linux.

Mais ce qui a surtout retenu l’attention de tous les membres du consortium, c’est que même si Corda s’inspire de la technologie blockchain, il ne se considère pas comme une blockchain - par trop associée à l'image sulfureuse du Bitcoin - mais comme un ensemble de services communs réunis en une plateforme compatible avec les réseaux spécifiques au monde de la finance.

Donc un outil qui tire profit de la blockchain, connecté au système bancaire, ce qui permettra aux transactions financières de continuer d’être exercées sous les règles du milieu, avec un niveau de sécurité et une rapidité supérieurs via un grand livre distribué.

Ce qui explique pourquoi R3 a plusieurs fois déclaré que Corda n’est pas une blockchain, soulevant les critiques de la communauté blockchain. R3 aurait ponctionné la substantifique moelle de blockchain et ses concepts avant de s’en détourner pour en faire un produit hybride, certes open source mais réservé à ses riches clients membres qui eux n’ont pas l’esprit communautaire…