La parution aux USA de « The Four: The Hidden DNA of Amazon, Apple, Facebook and Google » tombe opportunément au moment où le New York Times relance le débat sur les oligarques des technologies. Un débat également engagé en France.

« Faut-il démanteler Google ? ». La question s’étale à la une d’un magazine actuellement en kiosque. Mais elle n’a rien de nouveau. En juin dernier, par exemple, est paru « L’avenir de notre liberté », un livre de Mickael Berrebi et‎ Jean-Hervé Lorenzi, avec en sous-titre « Faut-il démanteler Google… et quelques autres ? ». Depuis plusieurs années des articles de ce type envahissent les médias, relatant les inquiétudes de nombreuses personnes sur les GAFA, leurs pratiques, l’usage des données personnelles, et les risques de concentration sur le marché du numérique.

Aux Etats-Unis, le New York Times a lancé un appel pour un examen réglementaire plus poussé des activités des GAFA. Et c’est le moment opportun qu’a choisi Scott Golloway, professeur à l’université de New York, également impliqué dans les réflexions du NYT sur les nouveaux modèles économiques du journal via le capital-investissement, pour publier son livre « The Four: The Hidden DNA of Amazon, Apple, Facebook and Google ».

Une critique économique

The-Four-2Particularité de son auteur, sa critique de la technologie repose sur des arguments économiques et commerciaux. De quoi, selon la presse américaine qui a commenté le livre, nous convaincre des dangers que représentent les géants du web pour nos sociétés…

Sa vision du danger qui s’annonce est celle de la plus grande concentration de capital humain et financier jamais réalisée, dont la mission n’est ni de soigner le cancer, ni d’éliminer la pauvreté, ni d’explorer l’univers, mais de continuer à vendre ! Dans son étude minutieuse, il multiplie les arguments qui s’enchaînent autour des pratiques des ‘Four’ : pratiques monopolistiques, évasion fiscale, rapacité commerciale, et malhonnêteté intellectuelle.

Il évoque également les ‘blessures’ affligées par leur modèle économique aux entreprises qui tentent d’exister dans leur sphère d’influence. A lire certains chapitres, sur Amazon par exemple, on se dit qu’il n’y a plus d’avenir pour l’économie traditionnelle et pour le commerce de proximité ! Un véritable « carnage » selon Scott Golloway, qui nous invite à une prise de conscience.

L’indécision demeure…

Son discours n’est cependant pas totalement engagé contre les Four. Il se montre même interrogatif. « Les Four font du monde un meilleur endroit », indique-t-il à l’entame de son ouvrage. Mais il termine également sur une note plus indécise, car il ne répond pas clairement à la question ‘que devons-nous faire ?’ : « Il peut être futile, ou juste faux, de les combattre ou de qualifier ces entreprises incroyables de ‘mauvaises’. Je ne sais pas... ».

Voilà bien un livre qui n’aura probablement par d’effet sur les afficionados de Google, Amazon, Apple et Facebook, sauf d'attiser leur colère contre ceux qui s'opposent à leurs vedettes. Rappelons cependant que rares sont ceux qui parmi nous ne consomment pas des services de ces quatre géants du web. Il alimentera en revanche les argumentaires de leurs opposants. Mais il est intéressant que Scott Golloway termine sur une interrogation, car en effet si l’on imagine que les GAFA soient démantelées, que mettrons-nous à leur place ?