Une bien mauvaise surprise attendait Steve Bennett, CEO et président du board (conseil d'administration) du géant de la sécurité Symantec depuis juillet 2012, à l'issue du conseil d'administration du groupe. Malgré ses résultats à faire rougir de plaisir la bourse de Wall Street, il est viré !

Symantec aura ainsi consommé 2 CEO en 2 ans ! « Terminated » pour reprendre l'expression du communiqué. Le board avait pris plus de gants lors du licenciement de son précédant CEO, Enrique Salem !

Pourtant, sur le papier et surtout dans le modèle libéral, Steve Bennett n'a pas démérité. Après avoir serré la ceinture, réduit les charges, et licencié un millier d'employés en 2013, le bénéfice net de Symantec a affiché au dernier trimestre en progression de 31 %. Malgré un chiffre d'affaires attendu en baisse de 5 % en 2014, vers les 6,7 milliards de dollars.

Alors que lui reproche-t-on ?

La sécurité est un domaine en mutation permanente, qui a migré de l'antivirus à la cyber sécurité. Un marché riche, également, 72 milliards de dollars selon le Gartner, avec une croissance annuelle insolente de 7 à 9 %. Et un marché d'innovation, issu de la lutte permanente qui oppose les hackers mafieux aux gardiens de l'information. La sécurité a par exemple été l'une des premières à adopter le big data afin de traiter des volumes toujours plus importants de données, repérer en quasi temps réel les incidents, et se faire pro-active.

Seulement voilà, en privilégiant la rigueur, Steve Bennett aurait oublié l'innovation. L'antivirus Norton, malgré sa réputation qui reste associée à la culture historique de Symantec, n'est plus d'actualité. Celle-ci se nomme désormais intrusion, piratage, données personnelles, cybersécurité, proactivité, etc. Un terrain principalement occupé par les start-up, et c'est bien ce qui est reproché au patron licencié.

Focus sur l'innovation

Steve Bennett s'est lancé dans une réorganisation de Symantec autour de ses produits phare qui répondent aux attentes des clients du groupe. C'est une démarche longue, et il ne lui a pas été laissé suffisamment de temps pour la faire aboutir. En revanche, les observateurs s'accordent à reconnaitre qu'il laisse un Symantec en état de marche pour la prochaine étape, celle de l'innovation.

« Notre priorité est maintenant d'identifier un leader qui peut tirer parti des actifs de notre entreprise et l'équipe de direction pour conduire la prochaine étape de l'innovation et de la croissance des produits Symantec », a déclaré Daniel Schulman, chairman du groupe.

C'est Michael Brown, ex-CEO de Quantum et membre du board de Symantec depuis juillet 2005, qui assurera l'intérim avant la nomination du successeur de Steve Bennett.

Et ne vous inquiétez pas du sort qui est réservé à ce dernier, il quitte le groupe avec une indemnité de 14 millions dollars. Pas mal après seulement 20 mois de présidence...