Le numérique et la croissance forte de la consommation des IT par les métiers imposent des changements profonds dans les organisations et un réalignement de l'informatique. De la à prédite la fin de la DSI, c'est aller un peu vite en besogne.

Lorsque le Gartner, en 2017, fidèle à l'agressivité de certains de ses propos, annonçait que la directeur marketing (CMO) dépensera plus dans les IT que le DSI (CIO), il a créé une vague de pseudo avis d'experts qui tous se sont engouffrés dans la brèche ainsi creusée pour prédire la fin du DSI.

Le déclin de l'informatique traditionnelle…

Si l'affirmation péremptoire du Gartner a eu le mérite d'éveiller l'attention sur un phénomène réel, caractérisé par le basculement vers le shadow IT d'une partie de la consommation des IT, favorisé par l'émergence du Cloud Computing, nous sommes encore loin d'atteindre ces prédictions. Surtout que personne, pour le moment, n'est en mesure d'indiquer qui remplacera le DSI.

Le déclin des IT traditionnelles est réel, et profite aux solutions métiers offrant des modes de consommation alternatifs. Trop souvent arcbouté sur ses architectures 'legacy', le DSI n'a pas vu venir la tendance, et s'est heurté au nuage. Dans le même temps, la demande des métiers en matière d'IT a continué de progresser, transformant pour certaines organisations la séparation entre DSI et métiers, en particulier le marketing, en véritable gouffre.

… au profit du DSI de transformation

Voilà pourquoi doit émerger un nouveau DSI, support de la transformation digitale, un DSI de transformation. Cela se traduit par un renforcement de l'alignement de la DSI avec les objectifs du business de l'entreprise, et par un renforcement du rôle et de la responsabilité du DSI. C'est généralement là que le bas blesse. Le DSI traditionnel se renferme sur ses architectures, prétextant la continuité des investissements de son organisation. Il en oublie finalement de vendre la valeur de la transformation, alors que cette dernière s'impose.

Tim Crawford, conseiller stratégique CIO américain, dans un article à Gigaom a traduit ce phénomène en un graphique :


Une autre stratégie est évoquée, le DSI qui reporte à la direction marketing. Lorsque la phase de transformation digitale concerne principalement ce métier, cette organisation hiérarchique pourrait se justifier. Mais la transformation concerne toute l'organisation, voilà pourquoi il doit répondre au PDG, pas au marketing. Une telle approche organisationnelle ne peut donc se justifier que temporairement, et le DSI doit retrouver rapidement son positionnement organisationnel, reportant directement au PDG.

Réduire le temps perdu, favoriser les opportunités

Pas d'inquiétude, cependant, très rares sont les directions marketing qui veulent prendre la place du DSI ! D'ailleurs, au delà de la volonté, en ont-elles la compétence ? La question mérite d'être posée, au même titre que la question inverse, le DSI qui assurerait des responsabilités de marketing, ne doit pas se poser. Nonobstant bien évidemment certaines personnalités, l'exception qui confirme la règle !

Au final, seule demeure l'interrogation sur le temps perdu. La transformation de la DSI traditionnelle en DSI de transformation est inéluctable. Mais avant qu'elle soit opérationnelle, c'est à dire qu'elle soit en capacité de supporter l'augmentation de la demande IT et d'en mesurer la valeur, le délai d'absorption de la rupture se révèle être une période qui laissera le souvenir des opportunités ratées.

Il est temps de réagir, rien n'est perdu, à la condition que chacun joue son rôle et accepte une collaboration qui s'impose.