Un vent froid souffle sur la Silicon Valley. Il y a un an, le temps était aux licornes. Aujourd'hui, avec la gueule de bois qui s'installe, et le temps tourne aux licenciements. Le modèle des start-ups de la Silicon Valley commence à s'éroder et à montrer des faiblesses. L'année 2014 s'était terminée sur une vague de licornes, ces valeurs technologiques dont la valorisation dépasse le milliard de dollars, entrainant un profusion de chèques qui n'ont cessé d'alimenter le modèle et les start-ups de la Valley. Un modèle construit sur deux idées simples et fortes, « travaillez dur et devenez riches », mais qui en réalité repose sur le levier financier du capital risque qui prend en charge sa sécurité.

Que s'est-il passé en 2015 ?

48 entreprises technologiques américaines financées par le capital risque sont entrées en bourse. Aujourd'hui, 35 d'entre elles affichent une valeur inférieure à leur valeur d'introduction (jusqu'à -87 % pour MaxPoint Interactive!). Quand la valorisation baisse à un tel rythme, c'est que l'échec n'est pas loin. Et cela, les marchés financiers ne le supportent pas. Et pour la première fois le nombre des licornes a commencé à baisser. Il faut dire que les investisseurs ne veulent pas entendre parler d'une autre tendance qui pourrait bien émerger, l'abaissement des tickets d'entrée, à savoir à la réduction des valeurs d'introduction. Résultat, le flux du capital risque a commencé à se ralentir. Attention, nous évoquons bien un ralentissement, car le flux global est encore au niveau de celui qui avait arrosé la planète à la veille de l'implosion de la bulle il y a de cela un peu plu d'une décennie. Au quatrième trimestre 2015, le financement à risque a représenté 17,13 milliards de dollars, soit un recul de 6,6 %, et surtout le niveau le plus bas depuis 5 trimestres. Autre effet directement lié, les cessions d'actions de valeurs technologiques récentes subissent des décotes au moment de la vente, qui peuvent aller de 16 % à 69 % ! En conséquence, les VC tentent de limiter la casse. Ils conservent les valeurs sur lesquelles ils ont fortement misé, avec l'espoir que le marché cesse de souffler le chaud et le froid. Et ils concentrent les perfusions sur ces mêmes start-ups, au risque d'asphyxier les autres…

Les start-ups réagissent et coupent dans leurs charges

Comment les start-ups, en partie abandonnées par certains VC et qui doivent faire face à un raccourcissent de leur trésorerie, régissent-elles ? C'est tout simple, elles réduisent la voilure. Les premières victimes sont les projets non rentables. On ne compte plus ceux qui ont été fermés. Elles recourent également à la dette pour les dépanner, ce qui n'est pas un bon signe ! Sur la Valley, se sont également multipliées les offres de colocation, les jeunes pousses réduisent l'espace immobilier qu'elles occupent. Mais surtout, et c'est une première, les start-ups licencient en masse. Une douzaines d'entre elles, qui au cumul ont levé plus de 2 milliards de dollars en capital risque, ont annoncé des licenciements qui représentent plus de 15 % de leurs effectif, soit plusieurs centaines de personnes. Restent que les pépites de la Valley continuent de briller. A l'exemple d'Uber qui avec ses effectifs réduits continue d'être valorisée au dessus des 60 milliards de dollars ! Ou encore de Magic Leap – lunettes qui superposent de images virtuelles à la réalité – qui a levé 794 millions de dollars pour une valorisation qui dépasse les 4,5 milliards de dollars. Mais pour ces cas atypiques combien de start-ups technologiques vont y laisser leur peau ? Et quand le froid qui souffle sur la Valley atteindra-t-il nos contrées ?