Le dernier volet de nos articles sur le Big Data, la DSI et le marketing, est le plus cinglant : il démontre que 35 % des directions IT ne sont pas impliquées dans les projets Big Data.

Voici venu le temps de conclure notre série d'articles sur le Big Data, la DSI et le marketing. Une série qui s'appuie sur l'étude et les retours des analystes d'IDC dans le cadre du Big Data Index 2014 réalisé pour EMC.

Nous avons déjà évoqué le décalage dans la vision du Big Data et de l'analyse des données internes et externes de l'entreprise, constatant à regret un certain nombrilisme de la DSI :

DSI et marketing ne s'entendent pas sur le Big Data

Puis la difficulté d'aligner les enjeux IT et métiers, de trouver des compétences, voire l'incompréhension entre DSI et marketing alors que s'accélèrent les initiatives Big Data :

L'alignement DSI et marketing sur le Big Data est-il mission impossible ?

Et enfin nous nous sommes penchés sur les pratiques et les attentes fortes du marketing, premier utilisateur des projets de Big Data, en particulier sur le temps réel, la fréquence et la profondeur des analyses :

Et si le DSI comprenait les usages marketing du Big Data ? 

Dans ce quatrième et dernier volet sur le Big Data évoqué par comparaison entre la DSI et le marketing – et qui aurait certainement pu porter sur d'autres métiers de l'entreprise avec des résultats proches ! - les analystes d'IDC se sont penchés sur la gouvernance des projets Big Data. Et le résultat n'est pas très encourageant pour la DSI...

La gouvernance des projets Big Data

Quelle sont les directions impliquées dans un projet Big Data ? La logique et l'usage des technologies IT voudrait que la DSI soit la première impliquée et joue le rôle le plus important. Mais le Big Data Index 2014 révèle que cette implication se délaye dans les directions métiers, et que c'est le marketing qui a le 'lead'. Quant à la DSI, 65 % d'entre elles seulement sont impliquées, ce qui se traduit simplement : plus d'une DSI sur trois n'est pas impliquée dans les projets Big Data !

Quelles sont les directions et métiers de l'ntreprise impliqués dans les projets Big Data ?

  • 80 % Marketing
  • 65 % DSI
  • 39 % Commercial
  • 36 % Direction générale
  • 26 % DAF
  • 24 % Service client
  • 23 % Direction des opérations
  • 18 % DRH
  • 17 % R&D

L'externalisation des projets Big Data

Ce dernier point est intéressant, car à la vue des difficultés que nous avons évoquées jusqu'à présent, et en particulier le manque de compétences internes dans l'entreprise, le Big Data Index s'est intéressé à la prise en charge et à l'externalisation des projets.

Comment sont construits les projets Big Data :

  • 19 % Développement internes
  • 43 % Web agency
  • 21 % Sociétés de services (ESN)
  • 14 % Partenaires cloud et SaaS

On le voit ici encore, la nette domination des agences web dans les projets démontre une nouvelle fois l'implication du marketing en exclusion de la DSI, alors que le Big Data repose sur des bases et des compétences IT et technologiques.

La direction marketing privilégie l'agence web (23 % des prises en charge de projets Big Data) et le cloud ou le SaaS externe (10%). La DSI lui préfère les fournisseurs informatiques (21%), les agences web et marketing (20%), les solutions développées en interne (19%), et les solutions SaaS (4%). Encore un sujet qui oppose DSI et marketing.

Le Big Data Index progresse

Pour conclure, nous constatons que le Big Data Index IDC/EMC est passé de 32 en 2012 à 53 en 2014.

Cet index est construit sur une série de 37 indicateurs répartis dans 7 familles : les enjeux de la donnée, la perception de l'expression Big Data, les bénéfices, les initiatives, les technologies, les impacts en interne, et les freins.

L'indice 2014 affiche une forte progression de 66 % en 2 ans, ce qui se traduit par une plus grande maturité dans la compréhension du Big Data, jusqu'au déploiement de projets. En revanche, avec son focus sur la DSI et le marketing, l'étude vient rappeler que la multiplication des usages IT face à l'inertie, voire le nombrilisme de la DSI poussent les métiers à passer outre la direction informatique pour monter des projets.

Dans ces conditions, la relation entre l'informatique, qui voit se multiplier les projets IT cachés, ce que l'on nomme aujourd'hui le 'shadow IT', et les métiers, qui oublient que les projets doivent s'intégrer dans des règles de gouvernance et des stratégies de sécurité de la données, ne peut être que tendue.