Le Club de la Presse IT B2B s’est interrogé sur la fin des DSI ? Et pour cela a invité deux DSI - Emmanuel Gaudin, DSI du Groupe Lagardère, et Christophe Lepage, DSI de BNP Parisbas Investment Parners - ainsi qu’un RSSI en transition, Michel Juvin, à répondre aux questions d’une sélection de journalistes. IT Social était également présent…

La fin des DSI ? C’est une vision au pire prématurée, à laquelle nos témoins n’adhèrent évidemment pas. Si l’époque des MOA et MOE semble révolue (qu’il nous soit permis d’en douter…), le rôle du DSI n’a pas fini de changer, ni ses responsabilités, mais son existence n'est pas remise en cause.

Ainsi, Christophe Lepage évoque la double mission d’intégration et d’agilité de la DSI, la responsabilité de celle-ci sur les projets qui l’amène à se rapprocher des développeurs, mais également des métiers « avec lesquels elle doit travailler massivement main dans la main ».

Le point de vue d’Emmanuel Gaudin est proche – il constate cependant que « Un DSI groupe n’est pas plus noble mais il doit se placer au plus près de la stratégie de l’entreprise » - mais le profil de sa DSI d’un groupe de médias où l’informatique « n’est pas considérée comme le coeur du réacteur », et en l’absence d’une direction R&D et d’une direction marketing transverses, entraine une vision quelque peu différente. « Il y a beaucoup d’attentes, il faut livrer et être responsable de la totalité du système d’information. Le DSI est un intégrateur, c’est lui qui joue un rôle transverse, tout en étant le garant de la sécurité de la donnée ».

« Le rôle du DSI de demain sera ancré dans la stratégie de l’entreprise, et il devra anticiper afin de conserver une longueur d’avance, constate le DSI de Lagardère. Ce n’est un choix indolore, le concept de réversibilité n’est pas si facile, il doit éviter d’avoir à faire marche arrière, et regarder à 12 à 18 mois. »

Observateur de cette transformation, Michel Juvin préfère l’expression CIO, pour la gestion, le maintien et l’innovation au service de l’innovation dans l’entreprise. « Le DSI doit porter la conscience des clients vers l’entreprise et assurer les changements générationels ».

Comment les fournisseurs voient-ils évoluer le rôle du DSI ?

Chez les fournisseurs sponsors du Club de la Presse, on constate une consolidation des fonctions autour d’une DSI centrale. Se tourner vers les métiers est considéré comme « une grande mode », ainsi que d’aller voir les utilisateurs finaux, également qualifié de ‘mode’.

La question de la prise de risque est également évoquée, cette question serait fondamentale pour le changement de la DSI qui demande à aller de l’avant. Tandis que trop de DSI afficheraient encore de vieux réflex en contradiction avec leurs souhaits d’évolution. Et d’évoquer sans tendresse la présence du mainframe…

Sur le double rôle du DSI - partenaire du métier facilitateur et aggrégateur d’un écosystème étendu, et intégrateur - certains n’hésitent pas à voir en lui un « faux ami des métiers ». Le DSI serait le gardien du temple, organisateur et orchestrateur de l’hybridation, et agile juste ce qu’il faut afin pour ne pas bloquer la transformation. Pour preuve, 70% des budgets de la DSI sont encore consacrés au maintien en condition opérationnelle…

De l’innovation, des méthodes et le CDO

Pour le DSI de BNP Paribas, l’innovation ne se situe pas uniquement au niveau des produits, mais également des méthodes. Ainsi, pour lui « DevOps deviendra naturelle et sera intégrée dans le cloud ». Les enjeux sont la sécurité, les technologies embarquées, et la nécessité d’entrer dans un process détaillé. « Les meilleurs logiciels sont ceux qui viennent des métiers, constate-t-il. Et la gouvernance des données est plus importante que le catalogue des services. »

A la question du CDO (Chief Digital Officer), le DSI de Lagardère voit un manager de transition, mais pour lui la fonction ne tiendra pas sur le long terme. « A moins que le DSI ne soit pas à niveau, ou qu’il est absorbé par les problèmes dont il a hérité et par le run ». « Les CDO, on les a beaucoup cherchés », constate un fournisseur...

La réponse à cette question n’est-elle pas plutôt le CDO data (Chief Data Officer), c’est à dire le responsable de la donnée ? « La donnée est au coeur de tout ce que l’on fait, constate  Christophe Lepage. Le CDO data devrait durer, et pourquoi pas devenir le DSI de demain. L’information prend toute sa valeur quand elle est associée à une autre information. Le CDO aura un rôle soit d’innovation vers la direction générale, soit de contrôle vers la DSI ».

Comment va évoluer le DSI ?

Pour terminer sur une note plus futuriste, en forme de déclaration sur l’avenir du DSI – donc non, ce n’est pas la fin ! -, Christophe Lepage, DSI de BNP Parisbas Investment Parners, voit la fonction se focaliser sur trois points principaux : gérer le legacy ; mettre un maximum de choses en externe et coordonner l’innovation, « être de plus en plus expert pour répondre à de plus en plus de besoins, en particulier expert en donnée, la valeur de demain » ; et la sécurité, « il faut ben que quelqu’un prenne les coups ! ».

Emmanuel Gaudin, DSI du Groupe Lagardère, a une vision un peu différente : « Le DSI de demain  sera un intégrateur. Il n’est pas le propriétaire ni le moteur de l’innovation. Par contre, il doit garantir des choses de plus en plus pointues et complexes, c’est la sécurité. Quant au CDO, au responsable de la donnée, c’est un rôle à endosser rapidement... ».

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