Les temps changent, après une décennie de concept ‘lean startup’ - de jeunes pousses modestes mais rapides portées sur le ‘produit minimum viable’ -, voici que nous entrons dans l’ère du ‘fat startup’, des startups qui exigent de très grosses ressources dès le démarrage.

Après la vague entrainée par l’implosion de la bulle internet qui a suivi le nouveau millénaire – période aujourd’hui appelée ‘post-dot-com’ -, un concept s’est imposé dans le monde des startups, le ‘lean startup’. Un concept simple soumis à deux interprétations :

  • Démarrer léger en construisant le produit ou service au contact du client, en l’exposant au marché avec une forte réactivité, une approche qui repose sur le concept du ‘produit minimum viable’.
  • Plus pragmatique, démarrer léger (lean), exposer les idées rapidement, afin d’éviter un cycle précoce coûteux et de limiter l’effet des erreurs.

Le ‘lean startup’ se traduit pour les investisseurs par une intervention plus tardive dans le projet, généralement après que le modèle ait permis à la jeune pousse d’encaisser les premières épreuves, d’engranger ses premiers clients, et de ressortir avec une offre qui a fait ses premières preuves avec une équipe en place. Donc de limiter la casse avec des projets testés, construits et en théorie plus viables.

De ‘lean’ à ‘fat’

Mais voici, comme le suggère The New York Times, que vient l’ère de la ‘fat startup’. Le concept repose sur des projets nécessitant de grosses ressources dès le démarrage afin de s’attaquer à des défis majeurs et imposants.

Evidemment, en dehors de l’échelle des investissements, le risque demeure, quel que soit le modèle de la startup, celui en particulier d’aboutir à un échec. Seul le ticket d’entrée change, se chiffrant pour les ‘fat startups’ en centaines de millions de dollars. Et en dollars uniquement, car on imagine mal nos investisseurs européens, timorés et toujours aussi exagérément prudents, prendre des risques équivalents.

Le concept de ‘fat startup’ repose également sur un autre phénomène : la trésorerie du marché des capitaux et des investisseurs technologiques. Il semblerait qu’elle n’a jamais été aussi élevée depuis le début des années 2000. A l’époque, les investisseurs misaient gros sur n’importe quel projet, et sur le rêve d’une vague entrainée par la bulle internet qui ne se tarirait jamais. On a vu le résultat !

Fat startup

Pour autant, le ‘fat startup’ a profité à quelques projets fastueux – en particulier à Elon Musk, ses voitures Tesla et ses fusées SpaceX – sur lesquels les capitaux risqueurs ont misé lourd dès le départ en se disant qu’en offrant au projet plus de trésorerie qu’il n’en a besoin, ils permettraient de réduire immédiatement les coûts opérationnels et ainsi de transposer le modèle startup dans l’industrie ou la finance.

Pour certains observateurs, l’approche ‘fat startup’, pour précaire qu’elle puisse être, pourrait modifier en profondeur l’économie américaine. Elle repose en priorité sur une très forte intégration des technologies dans les processus de décision comme de production, et sur la rationalisation des processus par le numérique. Ce qui, se traduit par une optimisation des coûts pour de faibles gains de marge, mais portant sur des volumes importants.

A suivre…