Une étude de la Warwick Business School affirme n’avoir trouvé aucune preuve que la délocalisation conduirait à une augmentation du chômage dans les pays d’origine, elle entraînerait même le contraire !

Des milliers d’entreprises européennes étudiées sur une période de 20 ans par la Warwick Business School, en partenariat avec les universités de Wollongong et d'Aston, ont permis de calculer l’impact des activités de délocalisation, autrement dit d’offshore.

Les arguments du Brexit

L’objectif de l’étude était de valider l’hypothèse largement répandue que la délocalisation d’une partie des activités de ces entreprises vers un autre pays conduit à une augmentation du chômage dans le pays d’origine.

L’étude est britannique, car lors de la campagne politique qui a mené au Brexit, l’argument des pertes d’emplois dues à la délocalisation a été largement avancé par les opposants à l’Europe, et favorisé les partisans du protectionnisme. Des arguments qui plus généralement ont permis dans toute l’Europe et dans le monde la montée des gouvernements protectionnistes.

L’impact de la délocalisation

L’étude a analysé l'impact de la délocalisation de 5.746 multinationales européennes entre 1997 et 2016, prenant ainsi en compte les périodes d'avant et après la crise. Ces entreprises - détaillants et hôteliers, services financiers et télécommunications - ont délocalisé 9.416 filiales dans 87 pays, l'Allemagne, l'Espagne, la France et la Suède accueillant la majorité des sociétés mères (66%), suivies par la Belgique, le Danemark, la Finlande et le Royaume-Uni.

Les chercheurs ont constaté que la grande majorité des filiales (7.635) n'étaient pas situées dans des pays en développement, mais dans des économies à revenu élevé d'Europe de l'Ouest, d'Amérique du Nord, au Japon et en Australie.

Il a été également constaté que les délocalisations d'entreprises vers un nouveau marché, telles que l'ouverture de succursales dans d’autres pays, ont vu l'emploi augmenter dans leur pays d'origine. Ces entreprises qualifiées de ‘location intensive’ représentent 62% des multinationales étudiées.

Le rebond depuis la crise

Depuis la crise financière mondiale de 2007-2008, la délocalisation a entraîné une augmentation de l'emploi pour l'entreprise sur son sol. Un autre type d’entreprises, qualifié de ‘information intensive’, c’est à dire qui dispose d’un haut niveau de technologie et de connaissances, ont connu une baisse de l’emploi dans leur pays d’origine avant la crise financière, mais cela n’a pas eu d’impact sur le chômage.

A court terme, les entreprises européennes vont devoir affronter la pénurie de main-d’œuvre qualifiée, tandis qu’elles se montrent réticentes à réduire leurs effectifs. Sur le long germe, les universitaires craignent un retour à la norme d'avant la crise, surtout si des niveaux plus élevés de protectionnisme forcent les entreprises à se rapprocher de leurs clients.

Source : Le Journal of Business Research, qui a publié les travaux des chercheurs Nigel Driffield de Warwick Business School, Vijay Pereira de l'université de Wollongong, et Yama Temourib de l'université d'Aston.

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