Les banques s’ouvrent de plus en plus aux FinTech. Ont-elles le choix ?

Les banques françaises, pour une fois, ont pris de l’avance sur leurs homologues américaines, profitant pour cela d’un environnement réglementaire plus favorable. C’est ainsi que plusieurs grandes banques nationales ont créé des espaces d’incubation, ou ont monté des partenariats avec des jeunes pousses de la finance (FinTech).

Plusieurs raisons militent pour ce rapprochement. D’abord les unes ne peuvent vivre sans les autres, et à ce titre elles se révèlent complémentaires. Par exemple, les Fintech ont besoin des données bancaires pour développer des services qui n’existent pas ou sont peu développés dans les banques ; et à l’inverse, ces services viennent compléter l’offre des banques à la satisfaction de leurs clients.

C’est probablement le principal moteur de la collaboration, les grandes banques se réveillent enfin sur le constat qu’elles peuvent tirer parti des produits tiers existants, au profit de leurs propres bases de clients, grâce à des partenariats et des accords. Elles élargissent ainsi leur gamme de produits de consommation, à moindre coût, et en général en dessous de celui de l'innovation en interne. Les banques peuvent ainsi consacrer leurs budgets de recherche et développement à des opérations de back-end, qui sont plus susceptibles de nécessiter des travaux sur mesure et du développement interne.

Un autre axe d’intérêt pour les banques porte sur les opportunités de ventes croisées. Les services développés par les FinTech – de gestion analytique des comptes et mouvements, de simulation de crédit, de prêt, de courtage, de guichet automatique, de virements internationaux, ou encore de blockchain, etc. - viennent souvent en complément de ceux des banques. Les possibilités offertes de permettre des ventes croisées s’annoncent ici nombreuses. Elles se heurtent cependant à la nécessité de changer ou faire évoluer, parfois en profondeur, les systèmes en place depuis souvent les années 70. Les DSI doivent s’ouvrir à la transformation digitale, une révolution pour certaines d’entre elles…

Un dernier point fort de la collaboration nous vient paradoxalement des Etats-Unis : la collaboration avec les FinTech est un moyen de rassurer la clientèle ! Les banques et leurs clients figurent parmi les cibles privilégiées des cyber-attaques, les hackers mafieux cherchant à s’emparer de l’argent là où il est ! Plusieurs géants américains, comme la Wells Fargo ou JPMorgan, ont récemment essuyé des interruptions de services, certes temporaires, et des scandales qui ne sont jamais bien vus par les clients. A chaque fois, la présence de tiers FinTech pour accéder à la gestion des comptes officiellement bloqués, a à la fois donné un coup de booste aux startups de la finance, mais surtout rassuré ces mêmes clients, et ainsi rétabli la confiance.

Cercle vertueux, la collaboration entre les banques et les FinTech a aussi évidemment un effet très positif sur ces dernières. Elles rencontrent encore de nombreux obstacles, dont en particulier la difficulté d’acquérir des clients et d’atteindre la rentabilité. Les banques peuvent les y aider en déployant des stratégies d’innovation impliquant de fortes interactions avec les startups FinTech. De plus, la relation avec les titulaires des comptes ne cesse d’évoluer, et les FinTech les considèrent plus comme des partenaires alors qu’ils demeurent des clients pour les banques.

Cela mérite bien de s’intéresser à un écosystème qu’il ne faut plus considérer comme une menace.

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