Avec 99 % de part de marché attribuée à Intel dans le serveur, nous aurions pu penser que les jeux sont faits… En réalité, le géant des processeurs se retrouve pris en tenaille entre IBM et Qualcomm, entre le haut et le bas de gamme. De nouvelles interrogations s'anoncent pour le DSI dans ses choix technologiques... 

Une fois n'est pas coutume, parlons un peu technologie, datacenter et serveurs. Et rappelons tout d'abord que derrière tout smartphone, ordinateur ou objet connecté, il y a un serveur et donc une salle informatique. Le marché est gigantesque, mais dominé par un unique acteur, dont la part de marché est insolente. Plus de 9 serveurs sur 10 embarquent une technologie de processeur Intel.

Pour autant, nous sommes dans un domaine où rien n'est définitivement acquis. Et même si certains mouvements de fond de consolidation pourraient le laisser croire – par exemple IBM qui a jeté l'éponge sur les serveurs x86 en cédant cette activité au chinois Lenovo, ou encore Oracle qui a annoncé un accord sur les architectures Intel – le potentiel du marché est tel qu'il continue d'attiser les convoitises.

Intel pris en tenaille

A bien observer la guerre des serveurs qui se déroule sous nos yeux, nous constatons que le géant Intel doit affronter une stratégie qui le prend en tenaille.

  • Dans le haut de gamme, IBM décline sa stratégie Open Power, qui ouvre sa technologie de processeurs Power à des partenaires stratégiques, Rackspace, Inspur, NeuCloud, Chuanghe, Tyan…
  • Dans le bas de gamme, Qualcomm teste avec un certain succès des composants pour datacenter tier-1 basés sur le design ARM, et entend s'octroyer 10 % du marché des serveurs dès 2017.

Chez IBM, fort du retour en grâce du mainframe z System, qui au cours des derniers trimestres n'a cessé d'afficher des revenus en nette progression, sans pour autant augmenter sa base de clients, c'est du coté des solutions adaptées de Watson que se porte l'attention. Ajoutons qu'IBM a annoncé développer des composants en 7 nanomètres (les annonces d'Intel ont porté sur le 10nm), tout en recherchant ce qui va lui permettre de dépasser les limitations en réduction de taille des composants silicium.

Chez Qualcomm, la technologie ARM ouvre la porte du multi-parallèlisme, avec un coeur de compute par workload pour un prix compétitif par rapport aux VM (machines virtuelles) sur architecture x86, et surtout au gigantesque marché en devenir de l'Internet des Objets.

Un troisième larron, Xilinx et les composants programmables

Ajoutons un dernier larron, un certains Xilinx, une société de la Valley qui est loin d'être une jeune pousse, puisque sa technologie de FGPA (Field-Programmable Gate Array), des composants logiques programmables, a été initiée dès sa création, en 1984. Mais qui grimpe sur le devant de la scène depuis qu'Intel a annoncé que sa prochaine génération de processeur pour serveurs sera 'programmable' !

Pour bien mesurer l'intérêt de cette technologie de FGPA, on retrouve les FGPA Xilinx accouplées aux composants GPU 24 core ARM de Qualcomm, ainsi que comme composant de l'offre Open Power d'IBM. Décidément que le monde des serveurs est petit !

La réaction d'Intel

Le géant des processeurs ne reste pas sans réagir… Il a par exemple annoncé un partenariat avec Oracle, dont le but est d'associer les technologies de serveurs Oracle issues de Sun avec les processeurs Xeon, afin d'une part de proposer une architecture de datacenter destinée à supporter le Cloud Computing, et d'autre part de contrer les serveurs en architecture Power avec un prix agressif.

Plus stratégique, Intel a récemment acquis Altera, contre 16,7 milliards de dollars (!), qui développe également des composants re-programmables. Une technologie que le fondeur devrait compléter de la technologie d'intelligence artificielle 'cognitive computing', de la start-up Saffron AI acquise en octobre. La technologie 'cognitive computing' a une particularité : elle est très proche dans ses concepts de Watson d'IBM...

Le futur du datacenter

Décidément, voilà bien un article, certes technologique, mais qui a sa place ici. Pour résumer, nous avons évoqué l'évolution des technologies des serveurs et du datacenter, du cloud et de l'Internet des Objets. Et la guerre que se livrent IBM, Intel et Qualcomm. Quand nous vous disions que rien n'est joué dans le datacenter...

 

Image d'entête iStock @ wongsalam77