Intitulé « Automatisation et future of work : quel avenir pour les métiers et les compétences ? », le livre blanc de Boostrs dresse un constat : l’automatisation n’est pas un phénomène nouveau, mais le rythme auquel elle se produit aujourd'hui est sans précédent. Les résultats de son étude montrent que l'indice moyen d'automatisation des compétences est de 61 %.

L’automatisation fait peur. « Pourtant, les métiers qui ont disparu à cause d'une technologie dépassée ont été historiquement compensés par l'émergence de nouveaux types de métiers associés à une technologie émergente », rappellent les auteurs de ce rapport.

Afin d’étudier l’impact de l’automatisation sur les métiers et les compétences (parmi 10 302 compétences de la base de données de Boostrs), ils ont adopté une approche basée sur les tâches et défini un indice d’automatisation.

En utilisant les rapports trimestriels sur l'emploi salarié de la DARES
(Direction de l'Animation de la Recherche, des Études et des
Statistiques), Boostrs a mesuré l’impact de l’automatisation sur l'emploi en France.

Ses résultats montrent que le secteur tertiaire semble être le secteur le plus « à l’abri »,
avec un indice d'automatisation global de 57 %. C'est également le secteur qui emploie le plus de personnes : six fois plus que les deux autres secteurs combinés.

À l’opposé, le secteur secondaire (industrie manufacturière et construction) possède le risque d'automatisation le plus important (72 %).

À l’échelle des métiers et des compétences, les résultats sont similaires avec un indice moyen d'automatisation des métiers respectivement de 59 % et de 61 %.
Parmi les métiers les moins automatisables se trouvent ceux qui impliquent une interaction complexe entre des personnes (fonctions juridiques, ressources humaines, management).

La catégorie de compétences la plus épargnée par l’automatisation, « Recruter
et embaucher », présente un indice d'automatisation de 27 %.

Mais le niveau d’études et le statut de cadre protègent moins que la typologie des missions et la prépondérance des soft skills. Si les métiers du juridique (indice de 40 %) et les services RH (45 %), sont relativement épargnés, les ingénieurs sont davantage concernés (53 %).

À l’opposé, ceux qui ont un risque élevé d'automatisation impliquent
de multiples tâches répétitives (fabrication et production, administration). Pourtant nombreuses à occuper des postes peu qualifiés, les femmes sont paradoxalement moins menacées que les hommes par les nouvelles technologies (indice de 55 % vs 60 %). Un écart de 5 points significatif au regard de l’échantillon considéré (25 millions de travailleurs).

Cette étude constate aussi une corrélation négative entre l’automatisation et la séniorité de l’emploi. Les 60 ans et plus présentent un indice d’automatisation de 54 %. C’est 8 points de moins que pour les jeunes travailleurs.

Dans la tranche d'âge 25-59 ans, l’indice d'automatisation moyen est
d'environ 58 %. Cependant, cet indice est plus élevé (62 %) pour les travailleurs juniors de moins de 25 ans, et à l’inverse, il est plus faible (54 %) pour les professionnels les plus âgés (60 ans ou plus).

Mais à mesure que les tâches simples et répétitives sont automatisées, les employés sont amenés à évoluer. D’une part, ils peuvent acquérir de nouvelles compétences techniques pour devenir experts dans leur domaine, d’autre part, ils peuvent développer des soft skills relatives à l’information et au conseil des clients et partenaires commerciaux.

« Pour préserver l’économie et endiguer l’accroissement du chômage, il est crucial d’investir massivement dans la formation et de prioriser les profils les plus exposés à l’automatisation de leurs compétences. En France, le nombre de formations actuellement dispensées est 4 fois inférieur au besoin de formation nécessaire au remplacement des compétences en déclin », rappellent les auteurs de ce rapport.