L’euphorie autour des startups accédant au statut de licorne n’aura duré que 2 ans, 2014 et 2015, l’année 2016 marquant le pas sur un concept simple, la valorisation de certaines jeunes pousses dépasse le milliard de dollars… sur le papier !

Les méga-startups ont-elles encore la côte ? En 2014, CB Insights décomptait 23 nouvelles licornes, des jeunes pousses qui à coups de levées de fonds spectaculaires, de communiqués de presse, de matériel marketing ambitieux, et de rumeurs d’entrée en bourse qui n’aboutissent pas, sont entrées dans le club fermé des startups dont la valorisation, sur le papier, dépasse le milliard de dollars.

En 2015, elles sont 40 à rejoindre le club des licornes. Le mouvement s’accélère, certains économistes craignent l’émergence d’une nouvelle bulle internet, mais surtout toutes ces prétendantes au milliard de dollars sont loin de le mériter. Le principal indicateur de cette prétention demeure les levées de fonds, avec des tours de capital-risque qui dépassent les 100 millions de dollars, et même plusieurs centaines de millions pour certaines d’entre elles. 77 levées sont entrées dans cette catégorie en 2015.

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Mais la tendance n’a pas tenu… En 2016, les tours à plus de 100 millions de dollars ont été quasi divisés par deux, avec seulement 41 levées qui répondent à ce critère. Les méga-levées à plusieurs centaines de millions de dollars se sont taries. Et 12 nouvelles licornes, seulement, ont rejoint le club au cours de l’année.

Après l’investissement, la sortie

Les investisseurs sont fatigués par tant de prétentions, fatigués des souscriptions dans des méga-startups qui ne répondent pas à leurs attentes. Ils veulent du concret, qui ne vient pas, et ils recherchent des sorties.

Mais ces sorties ne viennent pas non plus. Les méga-startups sont au contraire en attente d’un allongement de leur financement. Elles cherchent à rester plus longtemps privées. Devenir publique, c’est accepter de passer un examen, celui de la Bourse, mais également celui de la transparence. Or, la réussite annoncée sur le papier est-elle une réalité dans les faits ? Pour quelques licornes qui méritent toute notre attention, combien ne pourraient supporter cet examen ?

L’autre problématique que rencontrent les licornes porte sur leur valeur. De plus en plus de voies s ‘élèvent pour affirmer qu’elles sont surévaluées, et parfois dans des proportions indécentes. En matière de valorisation privée des entreprises qui souhaitent se déclarer publiques, le Wall Street Journal est généralement cité en référence. Une référence aujourd’hui contestée.

Des licornes surévaluées

C’est ainsi qu’une entreprise nommée Zirra a mis au point une nouvelle méthode d'analyse de l'évaluation des entreprises privées, utilisant l’intelligence artificielle et le machine learning dans une combinaison de 85 licences et bases de données publiquement disponibles pour calculer les recettes, les estimations des dépenses, l'histoire de l'investissement, et d'autres paramètres, puis les comparer à ceux de ses concurrents réunis dans une grande base de données.

Le résultat est sans appel, les 20 premières licornes seraient surévaluées de 26,5 %, avec de fortes vulnérabilités pour Xiami, Airbnb, WeWork, spaceX, Dropbox ou encore Pinterest.

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Selon l’analyse de Zirra, à laquelle nous serions tentés d’adhérer, la plupart des licornes seraient dans une impasse financière : qu’à terme elles aboutissent à une IPO ou à une acquisition, elles rencontreront de grandes difficultés à atteindre une sortie proche de leur évaluation calculée sur la base de leur dernière levée de fonds. Pour se sortir de cette spirale qui s’annonce négative, ces licornes n’auraient d’autre choix que de continuer de lever encore plus de fonds, ou alors d’arrondir les angles et de faire le dos rond avec l’espoir que le WSJ soit plus suivi que ses détracteurs ! Jusqu’à présent, la réalité des IPO a démontré que la plupart des évaluations du WJS étaient fausses…

Le principal enseignement de 2016 chez les startups serait donc que la plupart des licornes sont loin d'être aussi glamour qu'elles semblent être. Et 2017 pourrait être l’année de la découverte qu’à quel point la surévaluation de ces licornes va au final se révéler être une leçon douloureuse et coûteuse, pour les startups, pour les investisseurs, et plus généralement pour les marchés financiers.

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