Qu'il s'agisse de nouveaux usages numériques, du BYOD à destination des enseignants comme des élèves, du partage de contenu, de la vidéoconférence, ou encore du cloud, le monde de l'éducation, du scolaire à l'universitaire, doit faire sa révolution numérique.

Quelles sont les grandes tendances technologiques et les nouveaux usages qui en découlent dans le monde de l'éducation en France ? Dans leur étude « Quels services et applications de communication dans l’éducation », réalisée par DigitalOpinion, Mitel et SPIE Communications ont apporté une réponse à cette question.

Observateurs depuis de nombreuses années de l'évolution (lente!) des pratiques de l'éducation en France, nous étions sceptiques quant à l'adoption des nouvelles technologies, qu'il s'agisse des établissements scolaires et/ou universitaires, qui marque selon nous un important décalage avec le rythme effréné auquel les entreprises sont soumises.

L'éducation en décalage avec la réalité du monde numérique

Certes, les enjeux, principalement économiques, sont différents, mais dans le même temps, le décalage frappe les usages du quotidien, avec l'étudiant, sa famille, et même l'enseignant à titre personnel, autrement plus consommateurs de technologies que la lourde machinerie dont la mission devrait pourtant intégrer l'enseignement de ces pratiques.

Si nous sommes enthousiasmés par certaines expériences - comme celles menées par notre ami Jacky Galicher, DSI de l'Académie de Versailles (voir son interview lors de IT Meetings « Retour d'expérience : Jacky Galicher, DSI de l'Académie de Versailles ») dans les outils en mobilité – elles restent à notre avis bien limitées, et souffrent d'une lourdeur du système qui nuit à leur généralisation, malgré les bonnes volontés affichées.

Voilà pourquoi l'étude menée en particulier par Mitel et SPIE Communications arrive à propos, pour faire le point moins sur ces pratiques, que nous savons sporadiques, que sur les tendances et les attentes du monde de l'éducation vis à vis des nouvelles technologies.

Les choses bougent… ou vont bouger, en mobilité

Le constat certainement le plus important est que le mouvement numérique est en marche. Les choses bougent, ou tout du moins vont bouger. « Les établissements scolaires et universitaires se préparent à effectuer leur transformation numérique », affirme le rapport.

Principale tendance de ce mouvement : la mobilité. Il suffit de jeter un œil sur les réponses des techniciens, des enseignants et des étudiants pour constater combien cette tendance est forte. Ils souhaitent :

  • 32 % - Développer la mobilité (WiFi et DECT) dans les établissements, dont les salles de cours.
  • 30 % - Permettre le BYOD, l'intégration des outils personnels de l'enseignant et des élèves dans l'infrastructure afin de se connecter au SI de l'établissement.
  • 20 % - Accéder à un Internet sécurisé par un VPN, dans l'établissement comme au domicile.
  • 18 % - Accéder à un bureau virtuel ou un espace numérique de travail.
  • 14 % - S'interconnecter avec les bases de données tierces (secteur public, partenaires, etc.).

Et avec la vidéoconférence

La vidéoconférence doit également pouvoir jouer un rôle important pour répondre aux attentes du monde de l'éducation, avec la vidéo considérée comme le vecteur privilégié de partage de contenu. « La mise à disposition de contenus spécifiques et notamment pédagogiques se révèle être une attente forte ».

  • 30 % des personnes interrogées souhaitent bénéficier de la vidéoconférence accessible en tout lieu et depuis tout type de terminal ;
  • 26 % d'un accès sécurisé aux contenus pédagogiques (on évoque le self-learning, notamment au travers des MOOC - Massive Open Online Course)  ;
  • 26 % au parcours et acquis des élèves ou des étudiants ;
  • 19 % à l’enseignement à distance, notamment via la vidéoconférence.

Mais pas sans accompagnement ni cloud

« Le conseil joue un rôle important dans le milieu de l'éducation ». L'étude pointe un phénomène qui est loin d'être exclusif de l'éducation : la nécessité d'être accompagné. L'accompagnement à la conduite du changement doit être considéré comme une valeur ajoutée aux projets.

  • 36 % souhaitent bénéficier d'une analyse des besoins et des freins ;
  • 23 % de préconisations d'évolution ;
  • 21 % d'un audit des infrastructures.

Etonnement, ces chiffres sont assez bas. Cela provient certainement du fait qu'environ 1 acteur sur 2 souhaite continuer de disposer de ses propres infrastructures et les gérer en interne. Même si les DSI sont rares dans l'éducation, les responsables de l'informatique ou les responsables d'établissement semblent se montrer plutôt attentistes. A moins que ce ne soit la faiblesse de leurs budgets qui limite leurs ambitions.

  • 44 % souhaitent disposer et gérer leurs propres infrastructures et équipements ;
  • 31 % pourraient s'appuyer sur le cloud pour rendre les applications plus accessibles ;
  • 20 % envisage d'adopter la pratique de l'externalisation pour gérer leur infrastructure.

Intérêt moyen pour attentes fortes

Au final, si la conclusion de l'étude porte sur la valeur ajoutée du conseil et de l’accompagnement à la conduite du changement pour les utilisateurs dans le cadre de la transformation digitale du secteur de l'éducation, ce qui ne peut que satisfaire les commanditaires de l'étude, nous restons quelque peu sur notre faim.

Nous constatons d'un coté les attentes des enseignants en matière d'usage des outils numériques et des supports de partage de contenu, et les jeunes générations qui poussent les usages par leur utilisation native du numérique. Et de l'autre coté notre constat porte sur un système frileux, qui se révèle plutôt conservateur, ce que l'étude n'évoque pas, mais qui transparait dans les niveaux moyens et finalement peu engageants des réponses aux questions. Des niveaux qui sont en particulier très éloignés de ceux affichés dans les entreprises.

Alors, certes le monde de l'éducation a soif de numérique, mais le gouffre qui le sépare de la réalité digitale et technologique de notre quotidien n'est pas prêt à se refermer, voire même il ne cesse de se creuser. Et ce ne sont pas des tableaux numériques et de la vidéoconférence qui changeront les choses en profondeur. C'est peut-être une question de budget, mais plus surement une question de mentalité. Ce sera notre conclusion.

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