Faute de gouvernance, les coûts liés au Shadow IT, donc non engagés par la DSI, représentent aujourd'hui 5 % à 15 % du budget de cette même DSI, en augmentation.

« Shadow IT : systèmes d'information et de communication réalisés et mis en œuvre au sein d'organisations sans approbation de la direction des systèmes d'information » (source Wikipedia).

Le phénomène Shadow IT est porteur de nombreuses ambiguïtés. S'il échappe généralement à la DSI, avec des métiers qui s'équipent ou font appel à des outils dans le cloud sans en référer au responsable informatique, c'est aussi un moyen d'expérimenter de nouvelles solutions et d'accélérer le déploiement de solutions innovantes.

Mais le Shadow IT, même s'il est pris en charge sur les budgets de métiers, demeure un coût non engagé par la DSI, mise devant le fait accompli, mais sommée de continuer d'assurer son service sur l'informatique, peu importe sa provenance.

Le coup de matraque des coûts de l'ombre

Vanson Bourne a réalisé pour Cabopy, la filiale des services cloud d'Atos, une étude qui a mesuré les coûts liés au Shadow IT que doit assumer la DSI, sans qu'ils n'aient été spécifiés ni engagés par elle. 6 DSI sur 10 (60%) considèrent aujourd'hui que les coûts liés Shadow IT n'ont jamais été aussi importants.

Dans les grandes entreprises interrogées, les coûts du Shadow IT pour la DSI varient de 8,6 à 26 millions d'euros, avec une moyenne de 13 millions. Ils viennent grignoter entre 5 % et 15 % du budget de la DSI selon 51 % des dirigeant. Et le phénomène prend de l'ampleur, il devrait progresser de 20 % en 2015.

DAF, métiers, mais aussi DSI...

Directions financières et directions métiers, mettent en cause les lenteurs de l'informatique pour justifier de leur recours au Shadow IT. 37 % d'entre eux évoquent « l'incapacité de leur service informatique à autoriser des projets pilotes et à lancer des nouveaux produits rapidement et dans les délais ». L'amélioration du service client, hier, et la mobilité, demain, sont les principaux catalyseurs du recours à cette pratique.

Mais le plus surprenant dans l'étude, c'est que les DSI recourent également au Shadow IT, et que 37 % d'entre eux y consacrent déjà officiellement une partie de leur budget. Des dépenses qui concernent principalement des fonctions backoffice, en particulier la sauvegarde (44%), le partage de fichiers (36%) et l'archivage des données (33%).

Quant aux métiers, pour lesquels le Shadow IT est synonyme de transformation digitale, après les initiatives sur le service client et le CRM, les budgets portent désormais principalement sur la mobilité et les outils sociaux (28%), ainsi que les logiciels analytiques (27 %). Notons que 17 % sont consacrés au déploiement rapide de nouvelles fonctionnalités, l'objectif étant de les déployer plus rapidement que la concurrence !

Les défauts du modèle de gouvernance

L'enquête a par ailleurs révélé, en plus des variations dans la part du budget DSI consommé, des distorsions dans les tendances d'usage du Shadow IT. Par exemple les Etats-Unis en sont les plus gros consommateurs, les Allemands les plus petits. Il en est de même pour les secteurs de l'énergie (61%), de la distribution (44%), de l'informatique et des télécoms (42%), et des services financiers (39%), les autres secteurs se révélant moins gourmands.

Et de pointer les défauts dans la gouvernance des organisations. « Cette découverte indique qu'une gouvernance plus forte reste indispensable dans la plupart des directions informatiques, a affirmé Philippe Llorens, PDG de Canopy. Alors que les sociétés optent de plus en plus pour le numérique, il est impératif que la direction informatique propose non seulement une infrastructure et des services informatiques en vue de permettre et d'accompagner la transformation digitale, mais également le modèle de gouvernance associé afin d'en maximiser la rentabilité, de gérer les risques et de fournir des services informatiques sécurisés à l'entreprise. »